Val d’Escreins

Val d’Escreins


30 novembre 2017

Dernier jour de novembre. Dehors il fait froid, gris et venteux. L'air est piquant et les nuages sont lourds de neige. Nous sommes de retour de l'Arctique, de retour au seul "chez-nous" que nous ayons désormais : le cœur de nos chevaux. Ce n'est pas un lieu géographique à proprement parler, mais ces cœurs qui battent forment le point fixe d'où nous partons à chaque expédition et où toujours nous revenons ; ils sont pour nous ce qui se rapproche le plus d'un foyer. Malgré la distance et le temps, la magie est intacte à chacune de nos retrouvailles. D'ailleurs notre prochaine aventure nous emmènera bientôt de l'autre côté de la mer Adriatique, à Delphes, sur les traces du cheval noir.

Mais, pour le moment, occupons-nous du présent : je vous invite à l'intérieur de notre château-ambulant ! Callista est allée rejoindre sa Lily, pour passer simplement un peu de ce temps qui lui est compté en sa compagnie, avec un carnet et un stylo. Mallory a déniché un livre sur les fleurs sauvages (un vieux livre qui appartenait à son père lorsqu'il avait son âge) : méthodiquement il les observe une à une, entoure celles qu'il reconnaît, se réfère aux chiffres pour découvrir leurs noms, ne se laisse pas décourager par les graphèmes parfois compliqués, puis se répète le nom pour bien s'en imprégner tout comme on savoure un met délicat : cardère commune, cardère commune, cardère commune... Après un tour dehors malgré le froid, il revient avec de nouvelles idées : il dessine une cardère avec ses feutres puis écris soigneusement le nom de la plante au-dessus. Le plaisir est le moteur des apprentissages, loin de l'image de souffrance qu'on associe de façon plus ou moins consciente au travail. La souffrance n'est pas une nécessité, c'est même la pire façon d'apprendre. Travailler dur pour quelque chose que l'on aime, cela s'appelle une passion ! martèle Idriss Aberkane, spécialiste des neurosciences et ambassadeur du Love Can Do. En fin de compte, tout est une question d'amour. Milan, lui, a sorti la boîte du Rondin des Bois. C'est un jeu de plateau mais Milan s'en est emparé à sa manière : il a spontanément supprimé le chrono (la toupie) et la compétition du jeu de société. Il prend une carte représentant en deux dimensions la construction à réaliser en trois dimensions à l'aide de cylindres, de cubes, et de pavés en bois, superpose les solides en équilibre, puis passe à la carte suivante et ainsi de suite pendant plus d'une heure, expérimentant outre sa représentation spatiale et sa motricité fine, tout un tas d'autres aptitudes (patience, ténacité, flexibilité, réussite/échec...). Puis, après que Yoann et moi avons fini de discuter de nos rêves de la nuit passée - Yoann a rêvé qu'il était président de la République (rien que ça !), tandis que de mon côté j'avais rencontré Jack London en personne et l'avais serré dans mes bras en le remerciant : "vos livres ont changé ma vie !" -, je ressens à nouveau l'envie de prendre mon journal de voyage : il y a trop longtemps que je n'ai pas écris ; retour au mois d'août précédent !

Aout 2017

Alors que nous nous préparions à reprendre la route en direction de la Scandinavie et du Cap Nord, ce qui devait arriver, arriva : à vingt-quatre heure d'intervalles, Atala et Alanis déclarèrent leurs chaleurs. Or, si Atala n'a jamais manifesté l'envie de s'accoupler, il en va tout autrement de la jeune Alanis, ce qui allait rendre la gestion de la meute en voyage compliquée. Mais le timing était parfait : il n'était pas difficile de reporter le départ d'une quinzaine de jours et en attendant de laisser Callista et sa chienne chez ma mère.

Ce n'est pas rien, à quatorze ans, de s'occuper seule d'un jeune chien-loup sans l'appui du reste de la meute. Mais Alanis et Callista vécurent ainsi une période de profonde symbiose : elles vivaient ensemble, dormaient ensemble et Alanis allait jusqu'à suivre Callista au petit coin ou sous la douche. Chaque fin d'après-midi, elles se rendaient au lac et, même lorsqu'elles nageaient, Callista et Alanis étaient toujours à chacune des extrémités de la laisse. La longe n'était plus tant l'outil permettant à ma fille de contrôler sa chienne que la manifestation physique du lien qui les unissait. Où Callista allait, Alanis allait et inversement. La petite chienne sautait sans hésitation dans la voiture pour aller voir avec elle l'éclipse de Lune. Et leur communion connut même une forme d'apothéose à l'occasion d'un concert en plein air : les musiciens jouaient sur le lac et, lorsque l'un d'eux se mit à nager sur le dos tout en jouant du tuba (l'instrument pas l'accessoire de plongée), le chien-loup fut tout autant captivé que la fille. 

De notre côté, direction les Alpes, et plus précisément un petit val du Queyras (peut-être pas le choix le plus judicieux d'emmener une "louve" en chaleur au pays des patous comme nous allions nous en rendre compte). Après avoir quitté l'axe principal qui grimpe jusqu'à Vars, il faut encore emprunter une petite route étroite qui serpente entre la falaise d'un côté et l'à-pic de l'autre et vous emmène droit dans le cœur de la montagne où soudain la vallée s'ouvre dans le giron des hauts sommets. Ici les montagnes culminent à plus de 3000 mètres d'altitude et le ciel est d'un bleu profond.

Souvenirs d'enfance

Le Val d'Escreins est le don le plus précieux que m'ait fait mon père. Je le voyais une fois par an lorsque j'étais enfant et à cette occasion il nous emmenait camper mes frères et moi dans ce petit Val. A cette époque le lieu était encore méconnu et le camping semi-sauvage autorisé. C'était parfois dur : se laver dans l'eau glacée des torrents qui me martelait le crâne, partir à l'ascension des sommets dans les petits matins glacés d'avant l'aube ou bien rentrer de ces expéditions longtemps après la tombée de la nuit, trottiner derrière mon père qui avançait de sa longue foulée d'adulte sans ralentir voire courait tout le retour, trembler dans des passages qui relevaient de l'alpiniste chevronné, rentrer pieds nus sur les pierres acérées car cette douleur était encore préférable à celle que j'éprouvais à la fin dans mes mauvaises chaussures de marche.

Mais c'est aussi le paradis de mes premières ascensions sérieuses (au-delà des trois mille mètres d'altitude), de mes premières observations d'aigles royaux (nous y consacrions parfois toutes nos matinées et avions fini par découvrir le nid et l'aiglon qui y nichait, peut-être mon souvenir d'enfance le plus puissant), d'une vie au grand air et à la terre (nous dormions sur un fin matelas dans la tente, mangions assis en tailleur sur le sol etc.), des études des étoiles au dessus de nos têtes et de celle des empreintes à nos pieds ainsi que des différentes expériences pour allumer un feu sans briquet ni allumettes. Et, lorsqu'il pleuvait, nous passions de longues heures dans la tente à lire ou à apprendre à jouer au poker avec des galets pour toute monnaie. Ma mémoire a enregistré avec précision l'odeur qu'avait chaque heure de cette vie de plein air : celle du matin, celle de midi, celle du crépuscule ; celle de la nuit, celle de la pluie, celle d'après la pluie ; celle de la neige que le vent qui avait caressé les sommets nous apportait ; celle de la forêt, celle de l'humus, et celle de la chaleur du soleil ; celle des feux de camp, celle de la tente, et celle des baked beans et du pain grillé à la poêle... En bande-son, les vieilles cassettes que mon père écoutait lors des trajets en voiture : Tori Amos, John Lennon, Stéphane Eicher... En revanche, le martèlement des averses ou le rugissement du tonnerre lors des orages du mois d'août, je ne l'entendais pas : je dormais comme jamais bercée par leur souffle rugissant et libérateur.

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Alors oui, c'était évident que nous devions retourner dans ce petit Val au cours de notre tour d'adieu à l'Europe. J'avais besoin de retrouver une dernière fois le lieu, les odeurs et les sensations. Par-dessus tout j'avais besoin de lui présenter mes garçons.

Le soleil aime à caresser votre peau

Il y a plusieurs années que nous ne sommes pas venus Yoann et moi et il faut se faire au changement : le camping est désormais interdit, les chiens doivent être attachés et Eric ne tient plus le gîte de Basse-Rua. Mais le reste est immuable : la silhouette familière des montagnes, la couleur du ciel, le parfum de la forêt, le chant du torrent, la saveur des fruits sauvages (myrtilles, framboises et groseilles), le vol de l'aigle royal, la puissance des orages et le bonheur de les passer à lire des histoires sous la couette. Les garçons jouent dans le ru, construisent des cabanes dans le sous-bois, trouvent à boire et à manger dans la nature, courent nu-pieds (une belle façon de se relier à la Terre), voient leur peau dorer au soleil et bougent ! Dans un monde où des millions d'enfants (ici ! maintenant ! autour de vous !) sont privés d'air pur, d'eau de source, de ciels étoilés, de la magie du changements des saisons, de la saveur des fruits sauvages, de la sensation de la Terre sous leurs pieds, ou de celles du vent dans leurs cheveux et du soleil sur leur peau, tout ce qui est naturel est devenu exceptionnel, ce qui et inestimable, presque inaccessible. Car aujourd'hui un enfant passe moins de temps dehors qu'un prisonnier de droit commun. Chez l'adulte on mesure également une exposition au soleil largement insuffisante à notre équilibre, alors que dix minutes suffiraient. Mais nos modes de vie d'une part et la diabolisation du soleil d'autre part en ont fait un objectif largement inatteignable. Pourtant le hale progressif apporté par le soleil au fil des saisons reste la meilleure des protections, pour peu qu'on reste à l'écoute de nos sensations : efficace, gratuit, non polluant, sans danger pour l'organisme et laissant les bienfaits du soleil nous gratifier. Même nos yeux derrière les vitres des fenêtres, des pare-brises ou des lunettes connaissent aujourd'hui un déficit de lumière naturelle, prisonniers qu'ils sont de leur cage de verre. "N'oubliez pas que la Terre prend plaisir à sentir vos pieds nus et que les vents aspirent à jouer avec vos cheveux" écrivait Khalil Gibran ; j'ajouterais que le soleil aime à caresser votre peau et à illuminer votre regard.

Ainsi nous vivons une étrange époque, où le pire et le meilleur se côtoient. Mais c'est aussi une époque riche d'espoir, le temps s'accélère, le point de non retour est proche, les consciences s'éveillent, c'est une époque de tous les possibles qu'en fin de compte je suis heureuse et enthousiaste de vivre. Soyez le changement que vous voulez pour le monde, cela n'a jamais été autant d'actualité. Il y a la planète qu'on laisse à nos enfants mais aussi et surtout les enfants qu'on laisse à cette planète, là est la clef.

La source de la Font Sancte

Aujourd'hui, nous avons décidé de grimper jusqu'au pied du sommet de la Font Sancte (la fontaine sainte), là où jaillit une source miraculeuse. Juste au-dessus de la limite des arbres, dont tant d'arbres remarquables, se dresse un petit oratoire : une vierge de bois tient son enfant dans le creux de ses bras. De là, le sentier mène jusqu'à la source : un orifice rond et régulier percé dans la roche et d'où l'eau jaillit en abondance même au cœur de l'été. Nous escaladons respectueusement le rocher pour boire l'eau fraîche et vivante. Cette drôle d'année 2017 qui a démarré si brutalement, qui ne nous aura épargné ni les peines ni les bouleversements, n'aura pas non plus été avare en joie et en émerveillement purs. Elle nous a ouverts à tous les possibles.

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Le lac des Neufs couleurs

Expédition suivante : le lac des Neufs Couleurs depuis le village abandonné et en ruine de Haute-Rua dans le Val d'Escreins. Plus de mille mètres de dénivelé positif que nos deux garçons de trois (ok bientôt quatre) et six ans gravissent sans peiner et sans notre aide ; depuis toujours Milan a sa fierté. Il accepte seulement le concours d'Atala qui le tracte volontiers dans les passages les plus raides. Si Jack London les avait vu doubler  à vive allure tous ces chechacos, il aurait jurer qu'ils avaient été élevés à la viande d'ours. Une petite pensée pour l'enseignante qui, lorsque nous avons retiré Mallory de la petite section, s'est exclamée : "mais, ce sera un enfant qui ne tiendra jamais assis au CP !" Une remarque édifiante de la part d'une institutrice de CP sur l'objectif premier de la maternelle : apprendre aux enfants à rester à leur place, à oublier leur besoin vital de bouger. Le choix de la docilité au détriment de l'épanouissement.  Les enfants dociles, les citoyens dociles, les chevaux dociles... sont plus faciles à gouverner. Mais oublions ces tristes sires, de toute façon nos enfants n'iront pas au CP non plus, et en attendant, ils gravissent des sommets ! Loin du désir de vaincre les montagnes, ces géantes les invitent simultanément à s'enraciner et à s'élever à chaque pas. Puis, merveilleux répit, là où la forêt cède le pas à la prairie alpine, s'ouvre un long plateau herbeux qui vous transporterait presque au pays des steppes. Un petit ruisseau serpente en scintillant et en clapotant doucement. Des marmottes montent la garde. L'herbe est parfumée comme nulle part ailleurs. Au col de Serenne (2700m), nous prenons le petit sentier qui monte sur notre gauche jusqu'au lac des Neufs Couleurs niché dans les falaises. Pique-nique les pieds dans l'eau où nagent des têtards géants pour le plus grand bonheur des enfants. On regrette seulement que notre petite tribu ne soit pas au complet, on n'a pas l'habitude.

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Basse-Rua

Au retour de la randonnée, notre petit rituel : nous nous arrêtons au refuge pour une Tourmente aromatisée au génépi (Yoann me dit que vous ne savez pas ce qu'est la Tourmente, mais moi je suis sûre que vous connaissez cette bière des Alpes) puis pour se régaler d'oreilles d'ânes (un plat montagnard traditionnel aux épinards, aucun âne n'a souffert je vous le promets) et de tarte aux myrtilles. C'est bon de discuter à bâtons rompus avec les guides de montagnes et de contempler depuis la terrasse les épilobes et les gentianes en fête, puis les cieux qui s'embrasent au-dessus de la barre des Ecrins et enfin la lune ronde et rousse qui monte dans l'obscurité naissante. Les chiens sont sereins et plutôt discrets jusqu'au moment où nous nous préparons à partir. Alors Diurach, le beau, le ténébreux, émerge de dessous la table, se dresse sur ses pattes arrières tandis qu'il place ses deux antérieurs sur mes épaules, me gratifie d'un grand coup de langue sur le visage puis pousse un long hurlement qui saisit la clientèle. Je crois bien que j'ai rougi.  

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Wakan Tanka

Dernier matin dans le petit val qui mousse de rayons. Nous avons déniché une petite clairière au bord de l'eau et n'aspirons qu'à nous prélasser. Aaah, le non-agir, quelle trouvaille ! Mais coup de fil de la vétérinaire. Après une histoire rocambolesque et des semaines d'attente, les échantillons de sang perdus par le laboratoire, de nouvelles prises de sang, elle tient enfin entre ses mains les résultats pour la piroplasmose de l'ensemble de notre troupeau. De ces résultats dépendent l'émigration de nos chevaux au Canada : ceux chez qui la présence d'anticorps aura été décelée ne pourront pas nous accompagner. Alors tout ce qui m'entoure disparaît : les grands épicéas, le torrent impétueux, ses rives de galets. Il n'y a plus que le filet de voix de la vétérinaire à l'autre bout du téléphone vers lequel mon attention est tendue. Tous les chevaux de l'élevage (les "reproducteurs") ainsi que mon petit poulain noir sont indemnes. Mais nos trois "chevaux de selle" (ils sont tellement plus que cela) sont porteurs : Antara, Style et Lily. J'ai l'impression que le ciel me tombe sur la tête, la commotion n'aurait pas été plus forte. Je n'arrive même plus à penser. Le sort s'acharne sur nous. Pourtant, je sais bien que le hasard n'existe pas, qu'il sert seulement d'explication bien commode à l'inexplicable ou à ce qui ne rentre pas dans le cadre des statistiques. Car cette répartition était si peu probable : elle clame si fort que l'élevage nous suivra à l'autre bout du monde et que l'avenir de Midsummer Night's Dream est là-bas. Mais pourquoi certains ne nous suivent pas ? Je me lamente encore. Alors, comme dans un rêve, deux chevaux bien réels surgissent sur l'autre rive, l'un alezan crins lavés, l'autre gris. Simultanément j'entends à nouveau le chant du torrent sur les galets et la brise dans les branches des épicéas. Sous nos yeux ébahis, les deux chevaux s'abreuvent tranquillement puis traversent le ru dans notre direction et viennent finalement jusqu'à nous juste le temps d'échanger nos souffles avant de disparaître dans la forêt. Comme s'ils étaient venus nous dire : ne vous inquiétez pas, vous ne comprenez pas encore mais tout ira pour le mieux ainsi qu'il doit être. Je me rends alors seulement compte de mon ingratitude : Oberon, Sunny, Surprise, Sheryl, Nafoe... nous accompagnent. C'est tellement inespéré. En fin de compte, je m'en remets une fois de plus à la spiritualité indienne et à mon amour absolu de la vie : l'impression de découvrir véritablement la foi. Car qu'est-ce que la foi ? C'est jour après jour faire confiance à la Vie et à sa bienveillance même si on ne comprend pas. "Je ne suis pas toujours à demander, dans mes prières et conversations, seulement les choses que je voudrais voir arriver parce qu'aucun homme ne peut prétendre savoir ce qui est le mieux pour l'humanité. Wakan Tanka, Grand-Père, seul connaît ce qui est le mieux. Et c'est pourquoi, même si je m'inquiète, mon attitude n'est pas dominée par la peur du futur. Je me soumets toujours à la volonté de Wakan Tanka. Ce n'est pas facile, et la plupart des gens trouvent cela impossible. Mais j'ai vu le pouvoir de la prière et j'ai vu s'accomplir les désirs de Dieu. Alors, je prie toujours que Dieu me donne la sagesse d'accepter Ses voies, Sa façon de faire les choses." telle est la transmission pleine de sagesse de Fools Crow, Lakota Oglala.

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Commentaires

  1. Oceane

    décembre 4

    Eh voilà que je reprends ce formidable "roman" il me manque le rocking-chair à côté de la cheminée! Mais je savoure ce petit moment lecture! T'es photos sont magnifiques, les chevaux...incroyable! Un joli signe!

    • titania

      décembre 5

      Oui tu as raison, un vrai roman-feuilleton, avec du dépaysement, des aventures, de la magie et du suspens 😉 !

  2. WildRose

    décembre 4

    Merci pour ce texte dédié aux montagnes.
    Originaire des Alpes, je vis maintenant loin des montagnes. Et qu'est-ce qu'elles me manquent ! Le bruit des oiseaux, des rapaces, du vent dans l'herbe dans les arbres. Le silence de la neige en hiver. Les couchers et levers de soleil, les jeux de lumières avec les nuages qui donnent des couleurs différentes, un paysage chaque jour. Les nuits si étoilées. Les animaux qu'on arrive à observer, les odeurs des fleurs, des champignons, de la forêt et le gout de toutes les baies. Le plaisir d'atteindre le sommet après un si long effort et de contempler les vallées et les autres montagnes. Et le plaisir ultime d'admirer tout ça depuis le dos d'un cheval.

    • titania

      décembre 5

      Oh merci d'avoir partagé votre expérience, je comprends le manque... Mais lointaines ou proches, elles font partie de nous à jamais. Je sais que pour ma part, elles m'ont aidé à toujours me rappeler qui j'étais et où j'allais ; elles m'ont permis de ne pas me perdre. Un peu comme les chevaux !

  3. Jean Claude

    décembre 4

    peut etre qu'un jour nos chemins se croiseront entre pologne et russie (nouveau projet de depart pour moi et ma meute) watanka guide nos pas,le ciel ouvre la route et tant que le coeur ecoute,l'ame s'enivre du parfum celeste de la vie ,la vraie,celle qui au detour du chemin fait jaillir multitude de source au travers de nous meme,superbe romance que tu nous comptes la,merci

    • titania

      décembre 5

      C'est magnifiquement dit ! Oui tant que le cœur écoute, la vie répond.
      Un beau projet, je rêve de découvrir un jour la Russie éternelle...

  4. Angélique Biller

    décembre 5

    Je crois que ce n'est pas un hasard si Jack London est venu dans ton rêve: en lisant ses oeuvres qui inspirent votre vie et vos choix, il vit encore et s'en réjouit!
    J'écoutais une émission sur France Culture hier où ils parlaient des deux corps que léguait un "roi", son corps de chair - mortel et faillible, et son corps d'oeuvre - celui qu'il laisse à l'humanité sous forme de trésor et d'avancées. Je pense que si Jack London, Khalil Gibran, Fools Crow et Idriss Aberkane,...,... offrent des clés magiques pour vous inspirer (un corps d'oeuvre nourrissant), tes écrits et photos de vos aventures et réflexions sont également un trésor et une bénédiction!

    • titania

      décembre 5

      Hi hi, quand je relis ta liste, je me dis que mes sources d'inspiration sont très éclectiques 😀 ! Je te remercie, tu apportes toujours un nouvel éclairage à ce que je vis, vois, ressens. Et merci aussi car tu n'imagines pas comme tes commentaires me sont précieux, et m'encouragent à continuer, à y croire <3

  5. Auriane

    février 18

    Je suis de retour après quelques mois d'absence et même si je ne suis pas bien, l'envie de lire vos écrits me chatouillait.
    Beaucoup d'émotions, de souvenirs partagés dans ces écrits. De la simplicité et de la joie. Merci pour ce partage.

    • titania

      février 20

      Oh quel plaisir de te lire à nouveau Auriane ! Merci et malgré tout, plein de belles choses pour cette nouvelle année qui commence !

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