Pompéi

Pompéi


27 décembre 2017, Pompéi - Il a plu à verse cette nuit. De gros nuages noirs et menaçants dérivent encore dans le ciel. Je n'ai pas plus tôt posé le pied sur le plancher qu'on frappe à la porte de notre château-ambulant : café et cacahuètes du jardin.

Nous marchons une trentaine de minutes dans les rues de Pompéi et arrivons enfin en vue des ruines. Petit rappel historique : En 62 ap. J.-C., un violent tremblement de terre frappa toute la zone vésuvienne. La reconstruction commença tout de suite, mais, à cause de l'importance des dommages et de la volée sismique qui suivit, celle-ci fut longue. Lorsque dix-sept ans après, la soudaine éruption du Vésuve l'ensevelit de cendres et lapilli, Pompéi se présentait comme un chantier encore ouvert. Sa redécouverte se vérifia à la fin du XVIe siècle et son exploration s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui (45 ha ont été fouillé sur les 66 de l'aire archéologique). La première chose que le visiteur aperçoit, ce sont les corps pétrifiés et torturés des victimes du Vésuve. On est aussitôt happés par les orbites béantes. Fascinés par le détail intact des vêtements et des sandales. Etonnés par la petitesse des latins. On ne peut s'empêcher de se demander qui étaient ces personnes, quel était leur nom, ce qu'avait été l'histoire de leur vie et imaginer les dernières minutes précédant leur trépas. Les garçons sont fortement impressionnés et même effrayés par certains de ces regards vides. Ils contemplent la mort. Sont sidérés par le pouvoir de ce volcan qui transforme les hommes "en statue" (selon leurs propres mots).

Puis nous entrons. En cette journée pluvieuse qui succède à trois jours de festivité, le lieu est presque désert. Surtout, il n'a rien d'un musée. C'est une invitation à voyager dans le temps. Un peu d'imagination suffit pour voir derrière la pierre nue et pâle, le faste d'antan et la vie qui se pressait dans la cité, qui se presse encore d'une certaine manière, car Pompéi est éternelle et le vent bruisse toujours dans les feuillages... Ici l'Histoire n'a rien d'ennuyeux, de poussiéreux ou d'abstrait : les parts de gâteau sont intactes, le pain n'a jamais fini sa cuisson dans le fournil, le peintre surpris par l'éruption n'achèvera pas sa fresque. Pendant plus de quatre heures, nous allons arpenter les ruelles, emprunter les étranges passages cloutés, et franchir les seuils donnant sur l'intimité. Nous entrons d'abord dans l'arène immense par un tunnel sombre : un passage qui vous immerge quelques instants dans le Umwelt d'un gladiateur avant de vous laisser renaître à la lumière. Plus tard, nous nous recueillerons dans la belle énergie qui entoure le temple d'Athéna sur les hauteurs de la ville et sous les arbres, puis irons saluer Apollon dans son sanctuaire : il s'agit des deux pôles sacrés de la ville et c'est encore étonnamment palpable en ce XXIe siècle. Callista découvre, amusée, le fameux chien qui illustre tous les manuels de latin (il s'agit de la mosaïque d'une maison portant l'inscription CAVE CANEM "Attention au chien").

  • italie 058

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Nous marchons humblement au pied des statues colossales, rêvons dans les jardins et les péristyles dans lesquels chantaient autrefois des fontaines, et découvrons même le lupanar rehaussé de fresques érotiques où exerçaient les prostituées, généralement esclaves grecques et orientales. Et toujours le Vésuve qui veille. Pour que les hommes n'oublient pas.

  • italie 114

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  • italie 116

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  • italie 118

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Cette nuit, le temps tourne à la tempête. Les nuages qui ont grondé tout le jour explosent en pluie, en grêle et en feu. Lorsque la foudre s'abat tout près de notre bivouac, Mallory se réveille en sursaut, convaincu que le terrifiant volcan qui a profondément marqué son imagination est entré en éruption. Imperturbable, Milan dort ; il n'a rien entendu. Il rêve, nous dira-t-il le lendemain, que nous échappons de justesse à une éruption, au volant de notre château-ambulant...

Commentaires

  1. Phil J

    juin 11

    Ville de luxe, confortable et élégante... Lieu de retraite pour Cicéron, Sénèque y passe les belles années de sa jeunesse...

  2. Océane

    juin 11

    Pompeï m a toujours intrigué! Et là tu piques une fois de plus ma curiosité! Tes photos de fresques sont elles aussi magnifiques la lumière les sublime. Je comprends Mallory, l histoire est passionnante mais a aussi son lot de mystère et nous laisse libre d imaginer ce qu il a pu se passer ou tout simplement "revivre" des années ( beaucoup!!!!) plus tard en rêve le réveil du Vésuve. Idem pour Milan...peut être une façon que la Vie a trouver pour récompenser ceux qui s ouvrent au passé. Genre leçon pompeï ✔
    Merci pour tout ce partage! Tu me réconcilies avec l histoire et me donne envie de découvrir de nouveaux pays.
    Bisou à vous tous!

    • titania

      juin 12

      Oui moi aussi, le voyage et les enfants (à travers "l'école" à la maison) m'ont réconciliée avec l'histoire et ont renouvelé ma curiosité ! Moi qui croyais que les musées ennuyaient les enfants, c'est tout le contraire ! Du moment que c'est offert sans contre partie (pas de résumé, compte-rendu ou autre ensuite), ils s'y plongent passionnément...

  3. Oooh la photo d'illustration de l'article déjà: cette puissance du lieu qui émane à travers les couleurs, les nuages, l'ambiance, les colonnes et la statue...! Bigre, ça plante le décor! Magnifique et terrifiant, on sent la présence des Feux de Vulcain pas très loin sous les pieds... Brrr!!!
    Incroyables aussi ces corps "foudroyés" dans leur quotidien par la Violence de cette Nature et conservés par une sorte de "miracle macabre"! Je comprends que les garçons aient été impressionnés: rien qu'en étudiant Pompéi en Histoire de l'Art j'en avais des sueurs froides! ...Et une sorte d'émerveillement bizarre...
    Les mosaïques, l'architecture et les fresques doivent être extraordinaires à contempler de ses propres yeux... Certaines fresques sont tellement "vivantes"! Et tes photos (comme à chaque fois) sont de vrais tableaux! Merci!!!
    Il m'a semblé lire dans un article sur la météorologie, que les volcans ont un champ électromagnétique tellement démesuré que les orages autour de leurs flancs sont particulièrement tonitruants: je comprends l'effroi de Mallo et le rêve de Mimi! Trop bien ces aventures en Terre de Mythologie, je suis totalement embarquée!!!
    Oh, et petite "private joke": CENTAURE, VU!!! 😉

    • titania

      juin 12

      Oui le lieu, le volcan (et ce que tu en expliques) et les nuages menaçants, c'était saisissant !! On ne pouvait marcher dans les ruelles, caresser les pierres ou fouler le sable des arènes et rester de marbre (ha ha)... J'adore ta formulation en tout cas : "Aventures en Terre de Mythologie", un très beau titre ! J'espère que tu auras l'occasion de visiter un jour Pompéi... Oui, vu 😉 !!

  4. Auriane

    juillet 2

    J'ai toujours souhaité découvrir Pompéi et en attendant de le faire par moi même, je découvre avec vous. Les énergies doivent être bien différente dans ces lieux (malgré les touristes qui affluent chaque années) et l'imagination prend le dessus.
    Vos photos sont superbes et le temps sombre et orageux a du rendre l'"immersion" plus forte. Les couleurs sont chaude et douce à la fois, ils savaient y faire à l'époque. Merci pour ce récit, cette visite.

    • titania

      juillet 3

      Une vraie chance de découvrir Pompéi hors saison, presque déserte, sous un ciel aussi riche et dramatique ! Je te souhaite de pouvoir y aller à ton tour !

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