La naissance de l’ Hiver

La naissance de l’ Hiver


Nous quittons la Scandinavie à l'instant où l'hiver survient, l'Arctique nous offrant ainsi un ultime émerveillement. Puis c'est le long retour à la civilisation : je redoutais le passage des cols et des massifs, c'est le retour à la société qui se révèle le plus brutal, le plus violent...

22 octobre 2017 - Nous ne nous tiendrons plus sous l’Étoile Polaire. Nous ne rêverons plus à la cime du monde. Nous laissons les rivages des cachalots derrière nous et prenons la route de la France dans une course folle contre l'hiver et son cortège de glace et d'obscurité : qui de lui ou de nous atteindra le col le premier ? Il n'a pas encore neigé mais très souvent la route est déjà blanche de gelée. Tandis que nous parcourons l'archipel des Vesteralen du nord vers le sud, soudain les lacs se figent dans une ultime vague tendue vers la grève : c'est grandiose d'assister à la naissance du géant de l'Hiver par une journée ensoleillée. Trois grues posées sur la glace forment un tableau délicat et parfait. Des rideaux de stalactites étincellent le long des rochers noirs et lisses. Les herbes hautes se courbent sous le poids du givre. Les arbres se parent d'une robe nouvelle : une dentelle irisée et exquise a remplacé le flamboiement du feuillage automnal ; la Nature nous enseigne la beauté de l'éternel Changement. Tout est délicat et brillant ; c'est poétique aussi la naissance de l'Hiver.

Aux environs de midi, nous arrivons au ferry : il est temps de faire nos adieux aux Lofoten. Première étape : check. La suivante, à travers les contreforts des massifs norvégiens sera plus sensible mais aucun incident ne viendra émailler notre périple.

23 octobre 2017 - Panne de gaz dans la nuit. Heureusement nous avons une autre bouteille, mais sans chauffage aux heures les plus froides qui précèdent l'aube, tous les tuyaux ont gelé et de la glace recouvre maintenant la face intérieure des fenêtres. Bien au chaud sous la couette, les enfants ne se sont aperçus de rien. Nous devons maintenant puiser l'eau à la louche directement dans la réserve. Bigre, nous sommes désormais au coude-à-coude avec l'hiver ! Aujourd'hui nous nous préparons enfin à franchir le col et la frontière suédoise ; c'est l'étape décisive mais le passage à l'action nous libère un peu de la pression qui pèse sur nous depuis quelques jours. Nous grimpons vaillamment la pente à dix pour cent qui mène au poste frontière - et cette fois-ci notre château-ambulant n'y voit rien à redire ! Au sommet, le col est ouvert et la route dégagée : nous passons sans encombre ! Le long des kilomètres suivants, la glace a entrepris de coloniser la route, mais pas une seule fois notre château-ambulant ne glisse ni ne faillit et je parviens enfin à m'ouvrir à la magnificence qui nous entoure : des draperies de stalactites, des cascades pétrifiées, des rennes se déplaçant sur les lacs gelés au milieu des montagnes blanches et un coucher de soleil éternel... Les larmes me prennent par surprise. Nous avons passé le Cercle Polaire Arctique, laissé la Norvège derrière nous, bientôt nous aurons quitté la Scandinavie. Il n'en fallait pas moins qu'un hiver terrible et brutal pour nous chasser d'ici ; quelle autre raison aurions-nous eue de partir, de retrouver sur la carte la toile serrée des réseaux routiers et de retourner là où les champs ont remplacé la Forêt, là où les lumières des villes ont occulté les ciels étoilés ?

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24 octobre 2017 - Comme souvent le matin, Yoann se lève le premier. Aussitôt les garçons me rejoignent sous la couette pour un câlin, on a tout notre temps et c'est une si bonne façon de commencer la journée. Pendant ce temps, Yoann sort les chiens, allume le radiateur, met la bouilloire à chauffer et dispose le petit-déjeuner. Quand la bouilloire siffle, tout le monde se lève. Plus tard, sur la route, Milan demande à écouter Bob Marley. Atala dort sur ses genoux. Il est béat. C'est parfois dans ce genre de moments paisibles que notre petite tribu est la plus heureuse. Le paysage change : désormais la Laponie est vraiment derrière nous. Sensation de retour à la "civilisation" sur laquelle j'essaie de ne pas trop m'appesantir ; ça me donne le bourdon. Au milieu des forêts suédoises, nous croisons une mère élan et son rejeton de l'année, niché dans l'herbe verte. Elle nous observe attentivement afin de déterminer si nous constituons une menace et nous partons avant de l'inquiéter, avant qu'elle ne choisisse de réveiller son petit et de s'enfuir avec lui. Nous emmenons précieusement avec nous le souvenir et la douceur de cette rencontre.

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25 octobre 2017 et jours suivants (je perds un peu le compte) - Longue journée d'une route monotone, au milieu du trafic routier dont nous avions oublié jusqu'à l'existence, sous la pluie (que nous avions oubliée elle aussi), hypnotisés par le va-et-vient des essuie-glace. Nous errons longtemps pour nous ravitailler en eau car tous les points d'approvisionnement sont fermés en prévision du gel. Ce faisant, dans nos pérégrinations, nous croisons un panneau signalant la présence d'ours ; ils sont là, invisibles et discrets ! Autrement, plus de doute possible, nous sommes bel et bien de retour à la "civilisation" : l'urbanisme étend ses tentacules, les incivilités sur la route font leur grand retour et "faire les courses" est à nouveau une immense corvée (les grandes surfaces sont par définition trop grandes, il faut à nouveau une heure simplement pour en faire le tour et nous chercherons en vain dans nos poches un jeton pour les caddies qui ne sont plus en accès libre). Le soir venu, les parkings isolés qui nous servent de lieu de bivouac de secours sont à nouveau visités par des groupes de jeunes désœuvrés, inoffensifs mais bruyants. Une lumière diffuse et orangée à l'horizon attire l'œil affuté des garçons : "C'est une aurore, maman ?" "Non, seulement le halo nocturne de Stockholm mes chéris..." ; d'ailleurs on ne voit plus les étoiles. Un panneau planté devant le petit lac tout proche déconseille fortement d'y pêcher des poissons, ils sont gorgés de PCB ; il est grand temps de ranger nos kuskas (nos petites tasses saamii qui nous permettaient de boire directement à l'eau des ruisseaux). Une partie de mon cœur est restée là-haut, dans le Grand Nord, là où tout est froid, pur et beau ; je sais que je n'aurai de cesse de retrouver ces latitudes. Le vent souffle toujours...

Malgré tout, le lendemain, nous prenons une journée de pause, simplement pour prendre le temps de dire convenablement au revoir à la Scandinavie. Le surlendemain : derniers kilomètres en Suède (cent-trente exactement). Puis le bateau (ça devient une routine). Le Danemark. A nouveau le bateau. Et enfin, l'Allemagne. Tout-à-coup, le retour effectif à l'Europe me donne la désagréable sensation d'être une sauvageonne et la mère de trois petits sauvageons échevelés. Tout-à-coup, je remarque nos habits pleins de vie et de souvenirs mais usés et élimés par les embruns et le soleil, nos cheveux longs et indomptés, notre apparence plus adaptée aux lointains rivages de l'Arctique qu'à la ville. Je me sens déplacée, étrangère. Nous commençons à "planifier" notre retour, à mesurer toutes les corvées qui nous attendent (courrier en retard, garage, factures...), à prendre "rendez-vous" avec les amis ; nous nous rappelons alors que les jours de congés sont souvent aussi chargés que ceux de la semaine, quand nous avons pris l'habitude de ralentir, d'alléger et d'improviser, de laisser au jour la possibilité d'offrir ce qu'il a à offrir.

Mais ce soir, c'est la tempête ! Décidément, le vent de l'aventure soufflera jusqu'au bout dans nos voiles. Celle-ci se nomme Herwart. Des vents violents avaient commencé de nous secouer et de nous malmener tandis que nous traversions un pont au-dessus de la mer Baltique mais cette nuit, il souffle de façon plus terrible encore. Il semble prêt à soulever et à renverser notre château-ambulant et la pluie martèle la carrosserie dans un vacarme tonitruant et ininterrompu. Au matin, le bilan est de sept morts dont un campeur dans son camion.

Aujourd'hui, traversée de l'Allemagne : Hamburg, Kassel, Hanovre, Stuttgart... en plein automne retrouvé ! Nous avons gagné notre course contre l'hiver mais la victoire a un goût amer. Puis après avoir longtemps longé la frontière, c'est le retour en France : Mulhouse, Belfort, Besançon. Nous nous arrêtons près d'un supermarché.  Non loin, un chien aboie dans un jardinet, un homme en marcel passe la tête par la fenêtre et l'interpelle : "Behhh, qu'est-ce-tou-as Dédé ?" (prononcez : "kestoua"). Imaginez, nos premières retrouvailles avec la langue de Molière depuis des mois ! Nous sommes déboussolés, un peu gauches, la rupture est trop violente. Nous essayons de nous orienter : première chose à faire, laver un peu de linge à la laverie du supermarché. Deux pimbêches agrippées à leur sac-à-main posent sur nous un regard de dégoût. Elles discutent entre elles à mi-voix puis décident d'aller laver leur linge sale ailleurs. J'aurais voulu disparaître sous terre, terrassée par la honte. Et pourtant... Et pourtant, je le sais que bientôt j'aurai oublié les vêtements que je portais, ou la mise de nos cheveux rebelles qui ont tourbillonné aux quatre vents, mais jamais je n'oublierai le regard de l'Aigle et la grâce du Cachalot, le chant des Aurores Boréales et le silence de la Forêt primaire. J'ai tant vu, tant vécu au cours de ces derniers mois.

Et puis, à peine arrivés à Besançon, après avoir parcouru des dizaines de milliers de kilomètres sans incident, après avoir franchi des cols sous la neige en Espagne et en Suède, longé des rivages en pleine tempête en Norvège et au Danemark, bravé le brouillard slovaque ou même résisté aux routes et aux conducteurs polonais, nous connaissons notre premier accrochage de carrosserie. Oui, ici. En France. J'essaie de compenser ces déconvenues successives par la plus belle joie que puisse nous offrir une grande ville française : à savoir, dévaliser une libraire, délester ses rayonnages de quelques kilos soigneusement choisis. Pour les enfants, libres de répondre à leur curiosité et à leur enthousiasme, c'est fête aussi ! Romans de dragons et de chevalerie, albums illustrés poétiques ou drôles, traités sur les trous noirs ou vulgarisation scientifique, à chaque âge sa moisson ; aucun recoin de la boutique n'est épargné.

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Enfin, pour la première fois depuis notre départ en voyage - à l'occasion de ce séjour en France avant de repartir sur les routes d'Italie et de Grèce -, je rencontre des personnes ou revois des amis ... qui lisent ce blog. Je me sens un peu mise à nue dans ces regards qui me voient vraiment désormais, qui savent qui je suis, qui connaissent ma vulnérabilité et mon émerveillement continu mais je constate que c'est aussi un immense soulagement et une grande force de ne plus avoir à se cacher, de ne plus se composer un personnage, de se sentir libre d'être soi. Et je découvre alors un peu naïvement que lorsqu'on s'émerveille, qu'on se montre sincère et qu'on témoigne de sa vulnérabilité, on permet surtout à l'Autre d'en faire autant.

C'est à l'aube de ce séjour en France que Yoann fait un nouveau rêve qui montre - pour paraphraser Tolkien - "des choses qui sont, des choses qui furent et d'autres qui ne se sont pas encore passées" ; je pense qu'il mérite d'être raconté avant de clore cette page. Dans ce songe, nous marchons tous les cinq sur un sentier. Dessous, au-dessus, de part et d'autre, il y a de nombreux et énormes pythons mais nous ne sommes pas effrayés, les garçons n'hésitent d'ailleurs pas à les toucher. Yoann continue seul plus en avant vers la forêt et là, à ses pieds, il remarque des racines qui s'agitent. Il lève la tête, c'est un Ent (on ne présente plus les Ents, n'est-ce pas ? Sinon une petite relecture de l'œuvre de Tolkien s'impose !). Alors l'"Arbre" se penche pour le cueillir, le pose dans sa ramure puis ils reviennent doucement vers nous. Nous passons la journée ensemble à observer et à suivre l'Ent dans ses occupations. Il est très affairé et nous explique qu'il prépare la forêt à la Grande Tempête à venir, celle qui va tout nettoyer... Là-dessus, nous allons voir ma mère pour lui raconter la rencontre mais elle ne va pas bien. "Il faut que je me cache" dit-elle. Je lui réponds que c'est assez de se cacher. Sur les conseils de l'Ent, je lui préconise donc de prendre de la "Teinture-Mère d'Humus", 360 jours sur 365. Puis nous montons en voiture : nous croisons trois grands loups en train de jouer près d'une rivière, l'un d'eux est noir. Un peu plus loin, c'est un loup blanc que nous apercevons. Quand nous trouvons enfin à faire demi-tour, les loups sont depuis longtemps partis, chassés par les hommes et leurs troupeaux.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir quelques mois plus tard, qu'on trouve dans les sols riches en matières organiques, une bactérie non pathogène nommée Mycobacpérium Vaccae aux multiples propriétés thérapeutiques !

Commentaires

  1. Océane

    mai 12

    On sent la tristesse de quitter les terres du nord...soit on aime soit on n aime pas mais une chose est sûre quand on aime ça nous change profondément...
    Je me régale de votre course contre l hiver! On le vit avec vous!
    Ah les incivilités....monnaie courantes dans nos "contrées"....hélas. ...
    Je m imagine votre arrivée à la laverie 😃 tu sais parfois mieux vaut être sauvage que superficiel avant j avais "peur" du jugement des autres et maintenant je ne me pose même plus la question et je souris des personnes qui font leur "top model" au supermarché😉
    Je vais être mauvaise élève j ai pas lu tolkien😵

    • Coucou Océane!
      Je réagis juste au fait que tu n'aies pas lu Tolkien 😉 Je pense que Bilbo le Hobbit pourrait te plaire, il est court, très drôle et facile à aborder, et du coup, la géographie des Terres du Milieu est moins abstraite pour continuer sur le Seigneur des Anneaux - au cas-où tu veuilles continuer l'aventure. Moi j'adore, je me les relis régulièrement.
      Ici, juste pour que tu voies ce qu'est un Ent:
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Ent
      Bises (par ailleurs, je suis totalement en accord avec ton commentaire!)

    • titania

      mai 27

      Ha ha, dans un livre que j'ai lu récemment sur le pèlerinage de Compostelle, l'auteur parlait du processus de "clochardisation" du pélerin ! On en était pas là mais j'y ai puisé du réconfort, ça fait partie de la transformation ! Oh tu n'as pas lu Tolkien ! Quelle chance ! J'aimerais ne l'avoir jamais lu pour pouvoir le découvrir à nouveau...

      • Océane

        juillet 30

        Bon les filles j ai compris je vais lire Tolkien 😃 merci angélique pour l info! Dès que je peux je le lis!et je te dirai ça!
        Merci 😘

        • titania

          juillet 31

          Tu vas adorer !!

  2. Merci Tita, un article tout en délicatesse et en mélancolie... Même en tant que lectrice, c'est dur de laisser la Scandinavie Sauvage que tu décris derrière :-/
    On comprend pourquoi Frodon a tant de mal à retourner vivre dans la "Comté" après ses grandes aventures, et cette mélancolie qui devient sienne par la suite...
    Bon, je sais qu'après, il y a les aventures du Sud, alors "ouf"! 😀

    • titania

      mai 27

      Oui, tu trouves toujours les mots justes. En plus je suis en pleine immersion tolkienienne en ce moment ! Et comme tu dis, les grandes aventures du Sud se profilent !

  3. Nico

    mai 14

    Certainement l'article qui me touche le plus. Angélique et Océane ont toujours les bons mots pour exprimer ce que l'on ressent quand on te lit (en ce qui me concerne). J'imagine très bien la tristesse, la mélancolie que tu as pu avoir en quittant ces terres sauvages pour la civilisation. C'est très émouvant. Quelle aventure !

    • titania

      mai 27

      Merci Nico, oui toute la mélancolie d'un chemin de retour...

  4. Auriane

    juillet 2

    On ressent la tristesse dans vos mots. On ressent la peur aussi, celle d'être qui vous êtes, différente des autres. Vous vous êtes retrouvée durant ce long voyage, et surtout en Scandinavie je pense et le retour à la civilisation est dur. L'humain juge, l'humain a peur de ce qu'il ne comprend pas et plutôt que de se remettre en question, il rejette l'autre et c'est triste.
    J'ai eu l'impression de quitter ces lieux avec vous, tout comme je les ai visité avec/grâce à vous. Le plus important est de vous être trouvée et que vous restiez fidèle à qui vous êtes. Vous rencontrerez alors des personnes qui vous accepteront et vous aimeront pour vous.

    • titania

      juillet 3

      Merci pour la générosité de tes paroles Auriane <3 Oui le retour a été difficile et en même temps, l'idée du blog était de tout partager, y compris mes oscillations et fluctuations car impossible d'être constante sur une si longue période...

  5. Virginie

    juillet 27

    Comme je te comprends quand tu parles de ce triste retour à la civilisation ... lorsque tu connais le bonheur de vivre loin de toute cette agitation futile, c'est difficile d'y retourner ne serait-ce que pour y passer juste quelques rares et petites heures ... quelques heures qui sont déjà de trop.
    Bientôt vous vivrez aussi loin de tout cela, dans des contrées sauvages et dont les quelques personnes que vous croiserez seront pour la plupart simples, souriantes et agréables 😉
    Quant au regard des autres ... après tout c'est leur problème, leur vision des choses, pas le vôtre 😉 Vivez la vie qui vous plait, pas celle qui plait à autrui ^^

    Vos rêves sont très intéressants! quelle chance 😀 sans doute beaucoup de messages, pas toujours simple de les interpréter 😉

    • titania

      juillet 30

      Oui, on dit que "Là où est le coeur, là est le foyer" et pour nous c'est dans le grand nord 😀
      Ha ha oui, une grande famille de rêveurs, au sens propre !
      Merci pour ton message <3

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