La Caresse du Cachalot

La Caresse du Cachalot


Selon Alexandra David-Neel, sans rencontres, le voyage se réduit à un simple déplacement ; on passe à côté de l'essentiel. Étant moi-même de nature "sauvage" et solitaire, il m'a fallu près d'une année pour comprendre cette assertion et me rendre compte que l'aventurière avait finalement raison. Seulement, en ce qui nous concerne, c'est la rencontre avec des personnes animales qui nous a profondément et durablement bouleversés et, en premier lieu, la rencontre avec le cachalot.

"Quand on perd les cachalots, on se perd nous. Préserver la vie sauvage, c'est nous préserver nous, à la fois biologiquement et surtout spirituellement." F. Sarano

"C'est le respect des cachalots, des descendants de Moby Dick et de tous nos coloca-Terre sauvages qui fait notre humanité." F. Sarano

"Il faut accepter que l'autre soit différent, qu'il ait une intelligence différente, qui n'est pas égale mais aussi riche que la nôtre. Nous ne sommes ni supérieurs ni inférieurs à eux, juste différents." F. Sarano

Et, dans un genre - un peu ! - différent : "Je vous dis que près des côtes de Norvège toutes sortes de monstres peuvent êtres vus qui viennent des profondeurs insondables de la mer. (...) Le cachalot, qui peut mesurer 200 coudées, est de nature cruelle. Il a pour habitude de surgir hors de l'eau pour naufrager les bateaux. Il s'élève au-dessus des voiles et souffle, par les tuyaux qu'il a sur la tête, toute l'eau qu'il a avalée afin de submerger le bateau et de noyer l'équipage." Adriaen Coenen, XVIe siècle

21 octobre 2017 - Le jour tant attendu, celui de notre rencontre avec les seigneurs des abysses : le peuple des Cachalots. Longue promenade avec les chiens-loups dans le petit matin glacé ; c'est que nous ne sommes pas sans ressentir un chouillat d'appréhension à l'idée de les laisser seuls dans le château-ambulant pour une durée à la fois longue et indéterminée : nous avons rendez-vous à neuf heures mais personne ne peut nous prédire l'heure de notre retour. Je me suis également interrogée sur la dimension éthique de notre "safari" en mer. Mais outre le fait que Whalesafari-Andenes collabore avec la recherche et veille à ne pas déranger les animaux marins qu'elle approche, mes quelques recherches m'ont rapidement démontré qu'il est dans l'intérêt des cétacés d'avoir une valeur financière supérieure vivants que morts. Il faut que leur valeur "touristique" dépasse largement celle de la viande ou de quelque autre partie de leur anatomie car l'homme est ainsi fait qu'il n'accorde le droit de vivre qu'aux êtres qui lui sont directement utiles et surtout profitables. Toutefois le monde change : "Une dimension que le monde occidental est en train de redécouvrir est celle de la valeur immatérielle de certains êtres, associée à une forme de respect qu'on leur porte" (Ernst Zürcher, Les arbres, entre visible et invisible) ; il en va ainsi des très vieux arbres comme, il me semble, des très respectables cachalots.  Enfin, je sais comment l'ignorance, la peur et/ou l'indifférence sont les voies qui mènent toujours au massacre or, à partir d'aujourd'hui, je pourrai vous parler d'eux. "Il faut rencontrer pour co-naître" écrit F. Sarano. Pour la petite anecdote - en parlant d'ignorance -, le manuel de lecture de Milan représente toujours la baleine avec une image de cachalot, ce qui ne manque pas de le laisser perplexe, lui qui fait parfaitement la différence...

En l'occurrence, la matinée commence par une visite guidée du musée dont l'objectif est justement de diffuser la connaissance et d'informer le public sur la biologie des cachalots et de leur écosystème bien qu'en réalité tout reste encore à découvrir concernant ces géants et leur environnement. Très vite, il apparaît que le cachalot est l'animal de tous les extrêmes : il est le plus grand des cétacés à dents (et le plus grand des carnassiers) avec une taille avoisinant les 20 m de long (pour un poids allant jusqu'à 57 tonnes et une espérance de vie de 80 ans), peut plonger à près de 3 000 m de profondeur, présente la tête la plus volumineuse qui soit (un tiers de son corps) et produit les sons les plus puissants du règne animal - des cliquetis qui leur permettent notamment de communiquer, de s'identifier et de se localiser entre eux. Le centre renferme par ailleurs un squelette de cachalot suite à l'échouage du cétacé sur les côtes d'Andenes. Ce sont surtout ses nageoires qui sont restées gravées dans ma mémoire : réduites à l'état d'ossement, elles évoquent des mains humaines de dimension colossale !

Mais les cachalots ont bien failli disparaître, François Sarano évoque "Le massacre des dieux" : du 18e siècle jusqu'à la fin du 20e, l'homme les pourchassait pour extraire notamment le spermacétie (d'où leur nom anglais de spermwhale) ainsi que l'huile de cachalot et l'ambre gris ou encore l'ivoire des dents. Aujourd'hui, la Norvège compte 5 000 cachalots pour une population mondiale de 360 000 individus répartis dans tous les océans du monde, mais au prix d'une augmentation de la consanguinité et d'une perte culturelle probablement irrémédiable ; l'espèce est toujours considérée comme vulnérable. Je me prends à rêver à cette époque où les marins croisaient au milieu d'immenses troupeaux de cachalots de centaines d'individus...

"Notre histoire commune commence au Paléolithique. Les hommes ont gravé des cachalots sur des menhirs, ils devaient donc les déifier (notamment au Portugal où nos avons justement commencé notre grand voyage). Au Moyen-âge, le cachalot était le monstre absolu qui peuplait l'océan infernal. Puis il y a eu la chasse, qu'on a appelée héroïque : à partir du 18e siècle, les hommes ont surmonté cette peur et risqué leur vie pour les harponner. La chasse industrielle les a ensuite transformés en vulgaires ressources, chaire à pâté, ils se comptaient en barils d'huile à monnayer comme plus tard le pétrole. Leur chasse n'a cessé que dans les années 80. En 1986, à bord de la Calypso, j'avais promis à Cousteau que nous plongerions avec les cachalots. Mais ils fuyaient encore les hommes. Mais aujourd'hui cela a changé, nous sommes à un moment clef de notre histoire avec les cachalots. Comme nous ne les chassons plus depuis trente ans, ils n'ont plus peur de nous. Nous pouvons donc tenter de les comprendre. Je dis bien tenter. C'est bien plus important encore que la compréhension elle-même. D'ailleurs je ne crois pas qu'on les comprendra vraiment un jour. Leur univers est totalement différent du nôtre : nous n'irons jamais dans les grandes profondeurs comme eux et notre vie est consacrée à l'accumulation et la transmission des choses, tandis que la leur est dans le bien-être de l'instant présent." F. Sarano

Puis nous prenons la mer. La lumière est d'argent, les sommets d'ivoire. Il fait froid et le bateau tangue mais les conditions météorologiques restent idéales, ni pluie, ni vent. L'attente fébrile. Les mains qui se serrent autour d'une boisson chaude. Nous sommes hors saison et donc peu nombreux à bord, une vraie chance. Dans ces eaux glacés ne croisent que les mâles gigantesques et mystérieux : on ignore tout ou presque de leur vie et de leurs déplacements à travers les océans. Les femelles, plus petites et plus étudiées, vivent en famille (pods) selon une organisation matrilinéaire dans les eaux chaudes tropicales. Elles s'entraident pour élever et allaiter les jeunes dont elles s'occupent pendant plus d'une dizaine d'années. Ainsi les cachalots peuvent nous enseigner les vertus de l'altruisme et de la coopération et aussi, la langue des caresses car les cachalots sont une espèce très tactile, sensorielle et affective...

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Les garçons ont enfilé leurs gilets de secours et se déplacent assez aisément malgré le roulis, passant d'un pont à l'autre et empruntant les échelles ; ils ont le pied marin ! Le froid et les soubresauts du bateau ont rapidement raison de nombreux passagers, tout le monde se presse sous les couvertures. Le "mousse" grimpe en haut du mât pour guetter le souffle caractéristique et bruyant du cachalot qui s'élève aisément à plus de 5 m de haut, en diagonale et du côté gauche de l'animal à partir de son évent unique ; ce souffle permet de les identifier de loin. Nous scrutons nous aussi l'horizon, avec un mélange d'excitation et d'appréhension : rencontrerons-nous les cachalots ? Les cachalots plongent dans les profondeurs en quête de nourriture, notamment les calamars géants mais aussi des poissons, puis remontent en surface où ils se reposent et refont le plein d'oxygène pendant une dizaine de minutes avant de replonger pendant 30 à 40 minutes en moyenne, parfois même jusqu'à deux heures. Soudain, les clics d'un cachalot retentissent ! Il y en a donc un tout près ! Le cachalot utilise l'écholocation pour naviguer, chasser et plus encore - c'est un sens tellement élaboré ! - et le bateau dispose d'un hydrophone pour le capter.

"A la question : Parmi les mille facultés d'un cachalot, lesquelles vous fascinent le plus ? F. Sarano répondait : Sans hésiter, la curiosité. Et cette capacité à utiliser leur temps libre - car ils en ont beaucoup - pour s'intéresser à autre chose qu'à ce qui concerne directement leur survie. Cela fait réfléchir sur l'unicité de ce qu'on appelle notre intelligence, en tout cas de notre rapport au monde. Ils ont des scanners extrêmement performants, qu'ils utilisent pour nous comprendre. Ils voient avec leurs oreilles en utilisant l'écholocalisation. Ce sens, fondé sur le principe de l'analyse d'un écho, est beaucoup plus fin qu'on ne peut l'imaginer : non seulement l'outil est perfectionné, mais comme c'est leur sens premier, leur analyse cérébrale doit être incroyablement performante. Les sons qu'ils émettent, la sensibilité qu'eux perçoivent, vont au-delà d'une simple expression sonore, cela pourrait même servir de caresse. Un jour, Eliot (le Marco Polo des cachalots) m'a offert cinq minutes de rencontre sous-marine. C'est très long cinq minutes. Il est venu, il est resté, il a tenté d'échanger, de communiquer. Je ne l'ai pas compris tout de suite. J'ai dansé avec lui, mais je suis passé complètement à côté des expressions sonores qu'il émettait. Il a fallu que je réécoute la bande sonore pour comprendre."

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Il n'y a plus qu'à patienter encore un peu mais la rencontre ne fait plus de doute. L'un d'eux ne tarde d'ailleurs pas à émerger. Immense ! Colossal ! Le capitaine - moustache, lunettes de soleil et gueule à la Pat Parelli - coupe aussitôt le moteur afin de ne pas le déranger et le bateau dérive doucement, silencieusement, vers le seigneur des océans. S'en suivent des minutes indicibles, lorsqu'on entre en contact avec ces êtres-là on ne peut que se montrer déférent, ressentir la même humilité et la même petitesse que lorsqu'on caresse les formidables menhirs du néolithique ou qu'on déambule au milieu des cercles mégalithiques ; ils sont aussi anciens, aussi mystérieux et aussi imposants. Puis soudain le cachalot se prépare à plonger. C'est un moment d'une grâce divine dont on ne soupçonnerait pas la présence chez un être à l'apparence si lourde. Et pourtant... Il se plie littéralement en deux, sa queue se dresse haut dans les airs sur fonds de montagnes enneigées, puis il plonge, à la verticale ! Souplement, presque délicatement, avec une lenteur calculée, sa queue se courbe majestueusement et le suit vers les abysses, l'obscurité et le monde du silence. Sur le pont, chacun est silencieux, envoûté. Alors on ressent "un bonheur énorme, inouï, qui prend au plus profond, un bonheur sans calcul, intense et pur, originel. Une paix qui donne l'impression de communier avec le monde. Un bonheur si fort qu'il est impossible de le garder pour soi, qu'il faut le partager avec ceux qu'on aime... et ce jour-là on aime tout le monde !" (F. Sarano) C'est là le pouvoir des cachalots. Ils nous font toucher un monde dont on ignore tout. Et nous avons cette chance, incroyable, de vivre avec eux, les derniers titans, sur la même planète. Nous aimerions plonger avec eux ! Mais l'eau est glacée et surtout trop trouble. Il faut tenter de s'immerger avec eux d'une autre manière, se représenter le monde à travers leurs sens, leur sensibilité et leur sagesse...

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Nous verrons encore six autres cachalots et à chaque fois ce sera le même spectacle, bien que chaque cachalot soit aisément reconnaissable - même pour le novice - à la forme de sa queue et à ses éventuelles tâches. A chaque fois, après avoir passé quelques minutes en surface, le cachalot dresse sa queue dans les airs et plonge à la verticale ; à chaque fois, la beauté du geste est sidérante. Le plus étonnant : ils n'ont pas peur de nous, ne nous fuient pas ; ils sont ouverts à la rencontre. C'est peut-être là un aperçu de ce que pourraient être nos relations avec la vie sauvage, si nous dépassions notre peur, notre avidité et notre égocentrisme... penser l'altérité dans la rencontre.

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Manque de chance, Yoann a pour la première fois de sa vie le mal de mer, et il passe le voyage de retour au hublot. Aux passagers encore en état est proposée une soupe chaude, Milan en reprend deux fois. Puis c'est le retour au port au milieu de l'après-midi. Les chiens sont fous de joie de nous retrouver, ils se sont tous trois montrés parfaitement exemplaires au cours de cette longue attente dans le château-ambulant, un indice supplémentaire de leur épanouissement en voyage. Mais déjà nous reprenons la route sans plus attendre, parviendrons-nous à franchir les montagnes et les cols enneigés pour rentrer en France ? Et si oui, mon âme trouvera-t-elle les moyens de sa survie loin du Grand Nord ? Ce soir, des Aurores Boréales, les dernières du voyage.

"Seule l'imprévisibilité de la vie sauvage est à la dimension de nos rêves. C'est une fenêtre sur le merveilleux." F. Sarano

Biblio : LE RETOUR DE MOBY DICK, Ou ce que les cachalots nous enseignent sur les océans et les hommes, de François Sarano aux éditions Mondes Sauvages, Pour une nouvelle Alliance, septembre 2017

Commentaires

  1. Océane

    mai 6

    Cet article est divin...les citations merveilleuses et les photos....j ai pas de mots j imagine seulement le ressenti que l on doit avoir devant ces géants. ..je rêve de rencontrer ces géants marins que ce soit baleines, cachalots...orques....lors de notre sortie bateau en islande j ai connu l excitation de départ et ce mélange d angoisse de questions....comment réagir face à ces animaux...malheureusement je n ai pas eu de réponses à ces questions mais je les rencontrerai un jour! Et plus étonnant encore....malgré la chasse ils nous ont pardonnés et accepte sans rancune notre présence et rien que ça c est magnifique si seulement l homme savait en faire autant. En tout cas je te remerci grâce à toi je comble un peu le manque de mon visage et ça laisse rêveur!
    Franchement je me répète mais c est magnifique!
    Merci.😊

    • titania

      mai 12

      Merci Océane <3 Oui il y a une tension incroyable au moment où on quitte le port : est-ce que nous les verrons ? Seront-ils au rendez-vous ? On s'use les yeux sur l'horizon, les minutes s'écoulent et puis ça y est on les entend et très vite on les aperçoit ! Je te souhaite de rencontrer bientôt des cachalots ou des baleines, en attendant n'hésite pas à lire le livre de Sarano, tu ne le regretteras pas ! Et comme toi je m'émerveille de cette capacité à nous pardonner, à nous laisser une nouvelle chance, une sacrée leçon de vie...

  2. Wow...!!! Là aussi, je rejoins totalement Océane: cet article est divin!
    J'adore les photos de Mallory et Milan, tout équipés, avec ce pétillement d'anticipation émerveillée et pourtant sereine dans leur regard...! On sent qu'ils ne doutent pas un instant de la Rencontre: ils les ont appelés tellement fort de leur Amour et de leurs rêves, ces Doux Géants! Qui pourrait refuser l'appel puissant de deux Petits d'Homme aussi confiants et aimants ?!
    Et quelle magie, à la fois à travers tes mots et tes photos, et qu'on retrouve dans la connaissance enthousiaste des extraits que tu cites de François Sarano...!
    Merci!!!

    • titania

      mai 12

      Merci Océane <3 Oui il y a une tension incroyable au moment où on quitte le port : est-ce que nous les verrons ? Seront-ils au rendez-vous ? On s'use les yeux sur l'horizon, les minutes s'écoulent et puis ça y est on les entend et très vite on les aperçoit ! Je te souhaite de rencontrer bientôt des cachalots ou des baleines, en attendant n'hésite pas à lire le livre de Sarano, tu ne le regretteras pas ! Et comme toi je m'émerveille de cette capacité à nous pardonner, à nous laisser une nouvelle chance, une sacrée leçon de vie...

    • titania

      mai 12

      Merci Angé !! C'était un article qui me tenait particulièrement à coeur et en même temps pas évident à écrire, comment partager l'indicible ? Mais les mots d'une manière ou d'une autre ont fait mouche et ont transmis un peu de la magie de cette rencontre on dirait, merci. Et tu as raison, il ne pouvait en être autrement au fond, "ils" ne pouvaient qu'être au rendez-vous, car il y avait tant d'amour et d'innocence dans le voeu de Milan...

  3. Auriane

    juillet 2

    Reposant. Ce texte est reposant, ces photos sont reposantes. On ressent la douceur de ces êtres avec vos mots et c'est magnifique. Nous avons tellement à apprendre de la faune sauvage... Cette empathie, cet amour, des êtres remplis d'amour et de douceur.
    Je rejoins Océane et Angélique pour dire que cet article est divin.
    Merci ♥

    • titania

      juillet 3

      Oui c'est certainement quelque chose que transmettent les cachalots, cette paix et cette douceur, ils nous ont émerveillés !! Je suis heureuse si à mon tour j'ai pu en transmettre une petite partie...

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