En route pour la Scandinavie !

En route pour la Scandinavie !


"Sachez que la Création ne nous appartient pas, mais que nous sommes ses enfants. Gardez-vous de toute arrogance car les arbres et toutes les créatures sont également enfants de la Création. Vivez avec légèreté sans jamais outrager l'eau, le souffle ou la lumière. Et si vous prélevez de la vie pour votre vie, ayez de la gratitude. Lorsque vous immolez un animal, sachez que c'est la vie qui se donne à la vie et que rien ne soit dilapidé de ce don. Sachez établir la mesure de toute chose. Ne faites pas de bruit inutile, ne tuez pas sans nécessité ou par divertissement. Sachez que les arbres et le vent se délectent de la mélodie qu'ensemble ils enfantent, et l'oiseau, porté par le souffle, est un messager du ciel autant que de la terre. Soyez très éveillé lorsque le soleil illumine vos sentiers et lorsque la nuit vous rassemble, ayez confiance en elle, car si vous n'avez ni haine ni ennemi, elle vous conduira sans dommage, sur ses pirogues de silence, jusqu'aux rives de l'aurore. Que le temps et l'âge ne vous accablent pas, car ils vous préparent à d'autres naissances, et dans vos jours amoindris, si votre vie fut juste, il naîtra de nouveaux songes heureux, pour ensemencer les siècles." Pierre Rabhi

 

12 août 2017

Nous quittons Val Thorens et la France en direction des pays scandinaves. L'idée est de traverser tranquillement l'Europe centrale puis les pays baltes (slow life quand tu nous tiens) afin de prendre le bateau à Talinn (Estonie). De là, nous traverserons la mer Baltique pour accoster à Helsinki (Finlande) d'où nous remonterons ensuite vers le Cap Nord, le point le plus au nord de toute l'Europe. Mais nous avons le temps : un tour de roue après l'autre.

 

13 août 2017 - L'Italie

Nous entrons en Italie par le col Saint-Bernard puis contournons consciencieusement le lac de Garde beaucoup trop touristique en cette saison, pour nous diriger vers les hauteurs : je rêve de découvrir les Dolomites ! Hélas, nous ne sommes pas les seuls à refluer vers les montagnes. Après une nuit passée dans un petit village italien - au sein duquel l'église sonne toutes les heures et toutes les demi-heures, y compris la nuit ! - nous poursuivons donc notre traversée des Alpes sans nous attarder plus longtemps.

 

14 août 2017 - L'Autriche

La route est étroite, tortueuse et ne cesse de grimper au milieu des montagnes mais notre Château-Ambulant ne démérite pas ! Dans l'après-midi, nous atteignons l'Autriche. Tout y est très beau, très propre et très soigné (trop ?) : les grandes maisons et leurs jardinières de géraniums et de surfinias comme les prés d'un vert intense contrastant avec la sécheresse qui sévit à ce moment-là dans le sud-est de la France. Les foins viennent d'être faits et il n'est pas rare de voir des hommes et des femmes terminer le travail à la main, à l'aide de grands râteaux en bois.

 

Nous dénichons un charmant lieu de bivouac dans un creux de montagnes. Il y a un petit ruisseau qui coule joyeusement et en amont un petit lac aux eaux transparentes dans lequel les nuages et l'azur du ciel se reflètent. Les sous-bois sont peuplés d'arbustes à baies et de champignons. A la joie extatique de Milan, nous faisons un petit feu de camp - le premier depuis l'Ecosse, canicule oblige -, et auprès duquel je m'assois pour rédiger ces notes. Ce soir je me sens mélancolique mais je puise un certain réconfort à me blottir dans ce lieu qui personnifie l'abondance et la générosité.

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Soudain les moteurs de deux pick up rompent le silence de la forêt. Les véhicules s'arrêtent non loin de nous et quelques hommes en descendent bruyamment, des chapeaux tyroliens à plume sur la tête : ce sont des chasseurs. Dans le jour déclinant et la paix du soir, le premier coup de feu retentit. Aussitôt, un voile de terreur s'abat sur la forêt. Le silence change de nature. Le cœur de Mallory se serre et l'esprit de Diurach panique. Il ne craint pas l'orage mais n'a jamais supporté les pétards et les détonations. Lorsqu'il avait quelques mois, une fête de village l'avait complètement terrorisé et il avait disparu dans la campagne. Nous l'avions cherché deux jours et deux nuits durant avant de le retrouver au fond d'un verger. Est-ce qu'il se rappelle ce soir sa vieille mésaventure ? Ou s'agit-il d'une mémoire plus ancienne, celle de générations de loups pourchassés et décimés par l'homme ? Quoi qu'il en soit, impossible de le raisonner et il ne retrouve un peu de sérénité qu'à l'intérieur du camping-car que les trois chiens-loups ont clairement assimilés à une tanière qui les isole et les protège du monde, une sorte de repaire inviolable depuis lequel ils peuvent scruter le monde à loisir. A seulement quelques mètres de nous, les coups de feu se succèdent, entrecoupés d'exclamations et d'éclats de rire. Les chasseurs s'entraînent au tir, et la délicatesse de la plume sur leurs couvre-chefs n'enlève rien à la laideur du geste. Pourtant, au risque de surprendre, voire de choquer, il y a longtemps que je n'ai plus rien contre la chasse. Peut-être est-ce ce qui arrive lorsqu'on vit trop longtemps auprès d'un chien-loup qui a l'âme d'une louve. Peut-être que, d'une certaine manière, Atala a su me transmettre la beauté d'une chasse silencieuse dans les sous-bois au clair de lune et la justesse de ce geste (qui contraste tant avec l'horreur de la domestication, de l'élevage intensif et des abattoirs). Le beau, le juste, le vrai. C'est l'équilibre créé par la vie elle-même, équilibre que je n'aurais ni l'insolence ni la bêtise de méjuger. C'est la vie qui se donne à la vie et que rien ne soit dilapidé de ce don. Peut-être ce qu'elle m'a dit faisait-il écho à ce que j'avais compris de la culture des peuples premiers et à cette nostalgie du nomadisme qui me hantait depuis toujours.

Mais ceux-là qui répandent la terreur dans le crépuscule n'ont, de toute évidence, pas lu Pierre Rabhi : Vivez avec légèreté sans jamais outrager l'eau, le souffle ou la lumière  / Ne faites pas de bruit inutile, ne tuez pas sans nécessité ou par divertissement et surtout, rappelez-vous : la Création ne nous appartient pas. Ce soir, je prends conscience que ce n'est pas tant la chasse qui m'offense que les chasseurs dont si peu savent trouver grâce à mon cœur. J'ai tant de colère tandis que je fixe obstinément les flammes et que résonnent tout près les détonations et les éclats de rire.

Après le départ des tireurs et la tombée de la nuit, nous retrouverons enfin la joie en dessinant des cœurs de feu dans l'obscurité : c'est qu'il faut que je m'exerce à la photographie nocturne pour ne pas manquer mon rendez-vous avec les aurores boréales !

 

15 août 2017

Ce matin, après quelques larmes, la mélancolie m'a enfin quittée : tout-à-coup l'air me semble plus limpide, les couleurs plus nettes, pas de doute : la lumière est différente.

Nous continuons de traverser l'Autriche, la route se faufile dans les vallées étroites. De part et d'autre s'élèvent des pentes abruptes auxquelles s'accrochent des maisons massives et toujours aussi bien entretenues. Au soir, le voyant de l'injection s'allume sur le tableau de bord : est-ce que finalement notre château-ambulant serait en train de payer les excès de la veille ? Demain nous chercherons un garage et essayerons d'exhumer les vestiges de notre allemand (qui date du lycée). En attendant, nous décidons de nous changer les idées (la panne est la hantise des "caoutchoucs", ie ceux qui voyagent en camion), en découvrant la cuisine autrichienne. Nous poussons au hasard la porte d'un restaurant et entrons : pas d'autres étrangers, quelques vieux qui sont accoudés au bar, c'est plutôt bon signe. La serveuse est aussi blonde que ronde et nous sert d'office une pinte de bonne bière. Nous nous sentons comme des hobbits au Poney Fringant ! Mais les autrichiens ne connaissent apparemment pas les légumes, et si Yoann est ravi, je dois pour ma part renoncer à la cuisine locale et me rabattre, dépitée, sur une pizza. A la fin du repas, la souriante serveuse revient avec du papier alu pour nous proposer d'emporter les dernières parts.

16 août 2017 - La Hongrie

Ce matin, le voyant est éteint ! Nous reprenons donc la route plus que satisfaits de notre bonne étoile. Nous faisons quelques kilomètres en Slovénie avant d'entrer en Hongrie sous un soleil de plomb, épuisés de chaleur et nous languissant déjà de la fraîcheur des Alpes (ou de celle du Cercle Polaire). Mais c'est non sans un fol enthousiasme que je me prépare à découvrir ce pays et ce peuple qui me sont complètement inconnus, tandis que Yoann est plus circonspect... Mais promis, je vous raconterai !

Comme toujours, merci de m'avoir lue, c'est beaucoup de plaisir pour moi de partager toute cette aventure avec vous sans attendre d'en connaître la fin ! Les petits mots sont toujours les bienvenus ; je remercie toutes celles et ceux qui prennent le temps d'écrire quelque chose régulièrement, ça m'est tellement précieux ! Enfin, si vous ne voulez pas manquer la suite du Voyage, n'oubliez pas de vous inscrire à la Newsletter (il suffit pour cela d'entrer votre adresse mail dans l'espace dédié en bas de la page d'accueil).

De mon côté, j'aime aussi les histoires : n'hésitez pas à me faire part des vôtres, à me dire qui vous êtes, ce qui compte vraiment et ce qui vous fait rêver.

Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns (Brel)

Titania           

 

 

Commentaires

  1. Oceane

    décembre 11

    Pffff j ai toujours peur de me répéter mais je t assure tes photos sont merveilleuses! Elles montrent l essentiel et tes mors font le reste! La photo qui m a le plus ému....celle où tu écris avec les 2 petits à côté de toi ❤ comme tous les mammifères imiter ses parents...l outil parfait pour sa vie future!
    La citation de Brel....je me la répète souvent!
    C est toujours un plaisir pour nous aussi!!!! J attends tes articles avec impatience quand je vois qu il y en a un je pose tout et je savoure!!!
    Bisous à vous!😘

    • titania

      décembre 14

      Merci Océane !! Oui tu as raison, c'est comme ça qu'ils ont tous attrapé le virus de la lecture et de l'écriture, dans le plaisir 🙂 Une petite photo qui montre un grand morceau du quotidien...

  2. Thilda Lehacque

    décembre 11

    Ah, moi aussi, la photo qui m'a le plus émue est celui des deux écrivains en herbe aux côtés de leur maman ! D'autant plus que je sais de quelles enluminures Mallory couvre les pages de son magnifique carnet.

    • titania

      décembre 14

      Une petite photo toute simple mais qui en dit beaucoup <3

  3. Auriane

    février 18

    De belles photos et un beau partage comme toujours. Des citations qui font échos, qui font réfléchir, qui chamboulent. Merci.

    • titania

      février 20

      Merci Auriane, moi-même je croise ces mots d'autres auteurs au moment où ils éclairent ma propre expérience...

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