Existe-t-il une vie pour les chevaux…avant la mort ?
Écrire est parfois pour moi une nécessité thérapeutique, ma façon de transmuter une expérience de plomb. Un processus rapide, immédiat, urgent qui se prolonge ensuite dans une réflexion et une transformation de longue durée, car identifier des manques chez autrui m'entraîne immanquablement à travailler sur mes propres insuffisances. Ensuite se pose la question du partage, car après l'écriture, la publication ne va pas forcément de soi : ai-je besoin ou non de publier ? et surtout, sera-ce utile à quelqu'un ? aux chevaux ? C'est vous qui me le direz...
Existe-t-il une vie pour les chevaux...avant la mort ? Essai de neurosagesse pour changer la pratique de l'équitation et l'approche du cheval
"N'ayez pas honte de vous émerveiller et ne croyez pas que le professionnel, c'est celui qui ne s'émerveille plus." Idriss Aberkane (Oui j'aime beaucoup cette citation alors je la remets là, la répétition est un principe pédagogique, n'est-ce pas)
"Notre connaissance nous a rendus cyniques ; notre intelligence durs et méchants. Nous pensons trop et ressentons trop peu. Plus que de machinerie, nous avons besoin d'humanité. Plus que d'intelligence, nous avons besoin de bonté et de douceur." Charlie Chaplin, Le Dictateur
Existe-t-il une vie avant la mort ?
A chacun de mes retours en France, j'espère combler le retard de quelques mois qui caractérise mon blog de voyage mais chaque fois, alors que je vis à nouveau cheval, je pense à nouveau cheval et donc j'écris à nouveau cheval. Et lors de notre étape dans l'est de la France, il se trouve que je dévorais un bouquin de neuroscience ("Libérez votre cerveau" d'Idriss Aberkane), et qu'au même moment j'assistai à une scène équestre d'une rare violence, ou plus certainement d'une violence banale et banalisée et la rencontre de ces deux "inputs" a donné naissance à cet article. De manière générale, je vis dans mon oasis et je perds souvent de vue le monde du cheval tel qu'il est à l'extérieur. Je suis toujours frappée - c'est le mot, car c'est une expérience douloureuse - par la violence de ce milieu. Le cheval est par essence un être paisible et généreux et j'ai d'autant plus de chagrin à le voir soumis, impuissant en dépit de sa force, à cette grande broyeuse que représente pour lui notre société. C'est que son âme est tellement plus grande. "Le pardon est l'attribut du fort" nous rappelle Gandhi et en cela les chevaux nous dépassent souvent. Mais pour Idriss, la grande broyeuse dévore avant tout les hommes. Ceci explique sûrement cela. C'est aussi la raison pour laquelle j'espère trouver les mots justes, dépourvus de la violence que je dénonce pour que nous puissions tous ensemble réfléchir aux conditions d'un monde plus beau pour les chevaux comme pour les hommes, car tout est lié. Existe-t-il une vie avant la mort ? C'était le titre d'une conférence de Pierre Rabhi (Tedx Paris 2011) qui dénonçait la succession d'incarcérations que connaissait l'être humain de la naissance à la mort, de boîte en boîte, d'enfermement physique en emprisonnement mental ou culturel. C'est la société du carré dont se moquait Tahca Ushte avec acidité dans son récit autobiographique : De Mémoire Indienne. Pierre Rabhi ou Tahca Ushte. Le carré ou la boîte. Pour l'humain : l'enfermement de la maternelle à l'université, le travail dans des boîtes petites ou grandes, les trajets dans sa caisse, les sorties à nouveau en boîte, et ainsi de suite, c'est d'une monotonie. Et pour le cheval : le box ou la stalle, la carrière ou le manège. On a visiblement des difficultés à penser autrement. Les boîtes extérieures sont le reflet de nos boîtes intérieures.
Le cheval, un être paisible et généreux
"Le silence des bêtes est la double expression de leur dignité et de notre déshonneur. Nous autres, humains, faisons tant de vacarme..." Sylvain Tesson
Le cheval paisible, vraiment ? On me rétorquera : "il faut les voir entre eux, ils ne sont pas tendres !" Tiens, ça me fait penser à cette vieille théorie du couple alpha et de l'oméga chez les loups, l'oméga étant le souffre-douleur, un exutoire au stress et à la frustration, un peu comme dans une cour de récréation quand on enferme dans un espace restreint un groupe d'enfants trop nombreux et sans lien entre eux. Chez les loups, c'est la même chose. Il n'y a de loup alpha et de loup oméga qu'au sein d'une meute artificielle vivant en captivité. Dans la vraie vie, c'est papa loup, maman loup et leurs enfants... L'inventeur de la théorie a confirmé lui-même qu'il s'était "trompé". Chez les chevaux c'est assez similaire, la violence surgit dans un espace clos, à l'intérieur d'un groupe insuffisamment stable dans le temps, en présence de ressources limitées (par exemple la distribution du grain). Comme chez les loups, ce sont les conditions mises en place par l'homme qui rendent les conflits nettement plus fréquents qu'ils ne le sont dans la nature. Le cheval est par nature paisible, c'est dans son intérêt de ne pas risquer de blessure mais j'oserais même dire que ça va au-delà, que le pacifisme est dans leur essence et que c'est une richesse qu'ils peuvent enseigner à notre espèce trop souvent belliqueuse et qui pense trop souvent en terme de domination. De fait le discours dominant/dominé imprègne fréquemment les rapports humains/chiens, humains/chevaux, bref humains/animaux (spécisme) et bien sûr humains/humains (sexisme, racisme, adultisme...). Mais évidemment, les chevaux ne sont pas des bisounours non plus et ils peuvent nous enseigner l'écoute et le respect de nos propres émotions, la sagesse d'une colère juste, les dangers de la frustration accumulée et ainsi de suite.
Le cheval, généreux ? Là on va me brandir le carton rouge de l'anthropomorphisme. L'anthropomorphisme est bien sûr un concept à manier avec précaution et de fait le cheval n'a normalement pas besoin d'une chambre, de vêtements, de trois repas par jour, d'école par classe d'âge et ainsi de suite. On peut même se demander si là aussi nous ne souffrons pas en premier lieu de conditions de vie identiques à celles que nous imposons à nos chevaux : l'humain est le premier à souffrir de la sédentarité, de l'isolement, de la malbouffe et témoigne des mêmes signes de malaise : troubles du comportement, dépression, obésité, burn out, problèmes de santé divers, mais je m'égare... Pour en revenir à la science, on reconnaît aujourd'hui que la peur et la honte de l'anthropomorphisme ont davantage constitué pour la recherche un frein qu'un moteur. On s'est en effet littéralement interdit de voir. Certains comportements devaient rester le propre de l'homme. Cet à priori a été comme un bandeau sur nos yeux qui a permis de continuer à légitimer notre position hors et au-dessus du règne animal : nous étions les seuls à expérimenter l'amour, la joie, la peine, l'altruisme, c'était confortable. Aujourd'hui ces barrières tombent les unes après les autres (même si l'on assiste çà et là à quelques vaines régressions). "Même" les arbres communiquent et sont loin d'être les choses inertes qu'on nous faisait croire malgré nos intuitions d'enfants. Donc je le réaffirme, les chevaux sont généreux au-delà de tout. Une générosité qui me fait mal quand je pense au sacrifice que les chevaux ont consenti pour nous au cours des guerres, au fond des mines, le long des sillons et pire aujourd'hui à seule fin de nous "divertir". Au final, combien de chevaux nous ont portés dans tous les sens du terme et pourquoi ? Toutefois, pour ne pas tomber dans le piège de l'anthropomorphisme, je propose de cultiver l'empathie. L'empathie n'étant rien d'autre que le remède à l'égoïsme, à l'indifférence et à la maltraitance de la Terre et des êtres qui y vivent, trois comportements érigés en vertus dans nos sociétés alors qu'ils sont considérés comme des vices capitaux dans les sociétés natives.
Mais qu'ai-je vu aujourd'hui ?
Aujourd'hui en visite dans une structure équestre, j'ai assisté à un simple exercice : une femme qui longeait en mors un jeune cheval en cours de débourrage. Le cheval résistait à l'exercice et essayer d'échapper à la jeune femme en tirant, en reculant, en se jetant sur la porte ou les barrières du manège. Il se défiait visiblement de cet humain et n'avait qu'une envie, s'en éloigner. Je crois que de son côté, elle s'en défiait aussi. Elle continuait de lui demander de tourner, sur des cercles toujours plus petits, en l'amenant toujours plus près d'elle et en répondant à ses défenses par des coups de sticks violents et répétés d'abord sur l'arrière, ensuite directement sur la tête. Mon petit Mallory était horrifié : "elle lui frappe les yeux !". L'idée n'est pas de lui jeter la pierre - qui suis-je pour cela - mais de réfléchir ensemble pour que ces scènes de la vie équestre ne soit plus aussi banales. Que voit-on ici ? Un sentiment de frustration qui va croissant et qui déborde en violence. A aucun moment, la jeune femme n'a l'idée de demander de l'aide à son collègue tout proche ou de changer quelque chose (l'exercice ou la façon de faire). Pourquoi cette absence de flexibilité ?
Premières pistes de réflexion
Je me rappelle avoir intégré à un moment de ma vie que le cheval était en quelque sorte cet être perfide qui profiterait de la moindre de mes faiblesses pour s'engouffrer dans la brèche, quelle triste vision de la relation homme-cheval... Ah cette crainte insensée de ne pas être respecté ! Combien de fois ai-je entendu : ne le laisse pas gagner, surtout ne le laisse pas gagner (sous-entendu : sinon il ne te respectera plus jamais) ou cette fameuse théorie du cheval "qui teste" ? Ainsi l'enfant dont le cœur est appelé par les chevaux se voit très vite remis un casque... et une cravache. Au 21e siècle, à une heure où tout un chacun serait choqué de voir un homme fouetter son chien, il est normal d'encourager un enfant à cravacher ou à donner de grands coups de talon dans le ventre d'un poney (dont la peau, est-il besoin de le rappeler, tressaille au contact d'une mouche). Il serait temps d'enseigner le langage des émotions d'une part (puisque les chevaux sont des êtres avant tout viscéraux, cf Linda Kohanov - Chevauchée entre deux Mondes) et d'autre part la façon dont le comportement d'un cheval est signifiant : il dit quelque chose. Un cheval "rétif" exprime de la peur, un manque de confiance, de l'incompréhension, un déséquilibre, un défaut de communication, une douleur... dans tous les cas, la violence semble une réponse peu pertinente et adaptée sauf si l'on souhaite enseigner au cheval que resistance is futile : en éthologie "la résignation acquise", en science de l'homme "l'impuissance apprise". Les expériences ont prouvé qu'on pouvait développer l'impuissance apprise d'un sujet humain en seulement quelques minutes... Pour ma fille, il faudrait davantage enseigner l'écoute car selon ses mots "elle n'est pas méchante, seulement elle n'entend pas les cris silencieux du cheval".
De la violence
Pour le moment, la violence est encore partout et le monde équestre n'y échappe pas. Elle est le palefrenier qui gifle le cheval grattant et s'impatientant au box ; elle est la monitrice qui hurle "cravache, cravache !" pour convaincre le poney de passer l'obstacle ; elle est le cavalier qui donnera des "coups de sonnette" à son cheval en main pour qu'il reste "à sa place" ; elle est l'inséminatrice qui douchera la vulve de la jument à l'eau glacée ; elle est l'éleveur qui tirera sur le poulain à la naissance sans respect pour le rythme des contractions ni la courbure de la mère, elle est le maréchal qui donnera un coup de râpe au cheval impatient, elle est bien sûr aussi le viol des juments, le sevrage brutal des poulains, le débourrage précoce des jeunes chevaux... Elle est la violence du langage, des pratiques (ex : location de ventres, transfert d'embryon, méthodes intrusives) et donc des représentations. Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres innombrables de violence quotidienne ; aucune profession n'y échappe.
En suivant la même réflexion qu'Idriss, on se rend très vite compte qu'une triple hiérarchie structure le monde équestre. Il y a la hiérarchie couramment observée dans les structures équestres, avec les palefreniers tout en bas, ceux-là mêmes qui sont en charge du soin des chevaux, ceux qui dans ma vision ont le poste clef. Ensuite, on observe une hiérarchie qui part de ceux qui établissent les programmes, savoirs, galops jusqu'à ceux qui reçoivent les enseignements. Le calendrier de ce qui va être demandé en compétition à un cheval en fonction de son âge va être la source même de nombreux comportements violents (des techniques mises en place pour susciter une ovulation plus précoce que ce que la nature a prévu afin d'obtenir des naissances dès le premier janvier, aux entraînements précoces et excessifs, à la quête du toujours plus (plus rapide ou plus lent, plus gros ou plus typé...) qui n'est jamais celle du toujours mieux. Enfin, on hiérarchise les différentes disciplines, avec par exemple tout en haut le dressage et tout en bas l'équitation d'extérieur. C'est évidemment arbitraire. Tout comme il est arbitraire d'estimer les mathématiques supérieures à la littérature qui serait elle-même supérieure au sport, à l'art ou à d'autres disciplines même pas représentées dans l'enseignement.
Or Idriss nous met en garde contre les "certitudes établies, aux conformismes, aux hiérarchies nées des idéologies du passé". Il décrit la manière dont certains lieux (les prisons notamment mais j'ajouterais aussi les abattoirs) se transforment en usine à Lucifer (sommairement des lieux qui transforment les hommes en monstres), il ne faudrait pas qu'il en soit de même dans nos centres équestres. Non il ne faudrait pas que ces derniers transforment des enfants épris de l'univers de Yakari en adolescents et adultes privés d'empathie...
L'équitation, prise dans l'étau de notre manie de l'industrie et de son histoire militaire, réclame des chevaux qu'ils soient des pièces conformes et interchangeables de cette grande usine, de la même façon que - selon Idriss - l'école transforme nos enfants en pièces conformes pour une société insatiable de chaire humaine. Ok, il ne mâche pas ses mots.
Longer un cheval
Comme souvent quand il est question d'éducation, nous avons le quoi : longer un cheval. Mais quel est le sens de cet exercice ? Je crois que le pourquoi devrait être clairement posé à chaque fois : s'agit-il de faire faire de l'exercice au cheval, de le fatiguer avant de se mettre en selle, de l'habituer à la selle et au matériel, de muscler et assouplir, de "travailler la relation" ou autre ? On s'aperçoit qu'il y a dans le lot beaucoup de mauvaises raisons... Vient ensuite le comment, tourner en longe ne représentant qu'une possibilité parmi d'autres de répondre à ces objectifs (et à mon sens pas toujours la meilleure), et cet exercice pouvant lui-même être mené de différentes façons, plus ou moins respectueuses de l'intégrité physique et mentale du cheval, sinon on a vite fait de n'offrir au cheval que contrainte et ennui. Attention aux savoirs sans saveurs martèle Idriss, attention à donner faim, attention à ne pas gaver... les enfants. Et les chevaux. La pire situation dit-il est celle de l'entrant forcé : l'enseignant qui va au boulot en traînant les pieds ; l'élève qui fait de même. Or c'est exactement ce que j'ai vu ce jour-là, où ni la jeune femme, ni le cheval n'avaient envie d'être là : "je me fais chier à te longer dans le froid, tu te feras chier à tourner dans le bac à sable". Ne soyez pas outré, c'est de l'obscénité éloquente (il paraît que c'est nécessaire quand on veut marquer les esprits, à l'armée ils l'ont bien compris !)
A côté, il y avait un autre cheval qui tournait. Celui-là était bien plus coopératif, il donnait son corps et son temps (et dieu sait si ça a duré, dieu sait s'il a tourné, tourné), mais à aucun moment il n'a offert son esprit ou son attention. Il tournait, les yeux et les oreilles orientés vers l'extérieur, vers la nature, vers ses congénères, toutes choses qui lui paraissaient infiniment plus passionnantes que ce qui se passait à l'intérieur du cercle. Il me faisait penser à moi, en salle de classe autrefois : présente physiquement, plutôt docile d'apparence, sérieuse et assidue, mais le regard constamment tourné vers la fenêtre et l'horizon, indomptée, rêveuse irréductible. Pour capter l'attention dudit cheval tout en le sanctionnant, l'homme envoyait une secousse dans la longe afin que le mousqueton vienne frapper l'os de la mâchoire. Comment le lui reprocher ? C'est peut-être le seul modèle qu'il connaît car l'école stigmatise de même l'enfant dissipé ou peu attentif, c'est lui qu'on punit ou qu'en désespoir de cause on diagnostique d'un trouble de l'attention au lieu de se remettre en question. Au centre équestre, on punit le cheval rétif ou rêveur, au lieu de se demander quoi faire pour être plus compréhensibles ou plus intéressants. Très vite l'appétit des enfants disparait. Très vite la lueur dans l'œil des chevaux s'éteint. Elle ne ré-émergera que par accident. "Tous ces vices scolaires se retrouvent en société, mais le plus grave d'entre eux, c'est l'idée que le plaisir est anti-professionnel. Nous changerons notre société si nous plaçons l'épanouissement devant l'utilité économique. Dans les pays latins, on se souvient que le mot "travail" vient de tripallium, un instrument dont on se servait dans l'Antiquité, pour torturer les esclaves rebelles, ou encore pour ferrer les chevaux rétifs (tiens tiens, nous y revoilà !). L'idée est donc enfouie dans notre inconscient collectif que le travail est une conformité forcée, du berceau au tombeau, qu'il sera nécessairement douloureux. Or rien n'est plus faux : travailler dur pour quelque chose que l'on aime, cela s'appelle de la passion. Hélas c'est encore trop rare. Si nos sociétés se considèrent comme civilisées sous prétexte qu'elles ont l'eau courante et le courant électrique, il y a une nouvelle électrification, une nouvelle eau courante à apporter à nos villes et à nos lieux de travail et c'est celle du sens. (...) Là où le sens ne coule pas, les humains - comme les chevaux - pourrissent lentement et affreusement."
Mais ça ne me ressemble pas de m'attarder sur ce qui va mal, c'est quelque chose qui m'est très pénible quoique parfois nécessaire, il existe tant de belles idées et tant de solutions, et c'est là-dessus que j'ai envie de me concentrer.
Les solutions !
Primum non nocere. Ne pas nuire, c'est aussi et avant tout ne pas altérer la soif d'apprentissage et la confiance en lui et en les autres du cheval. Pourquoi associer les apprentissages au travail et à la souffrance quand la nature a prévu le jeu et le plaisir pour maintenir l'attention et l'assiduité nécessaire ? Il n'y a qu'à voir comment les louveteaux apprennent tout ce qu'un loup digne de ce nom doit savoir. C'est la même chose pour les poulains. Or, longer un cheval peut rapidement se révéler une activité ennuyeuse et contraignante - c'est-à-dire anti-ergonomique - si l'on n'y prend pas garde. De plus, débourrage et entraînement se font trop souvent sans respect du rythme particulier de chaque cheval et de son élan propre - mais comme on dit hélas, quand c'est l'heure, c'est l'heure... Or à partir du moment où ce n'est plus à la méthode de s'adapter au cheval mais au cheval de s'adapter à la méthode, le ver est dans le fruit. "Il ne faut jamais négliger le cognitive momentum, l'"élan cognitif de l'élève" et ne jamais croire que le briser est une vertu. Il faut, au contraire, cultiver chez lui la can-do attitude, pour le convaincre qu'il est capable de réussir."
On sélectionne également la docilité au détriment de l'épanouissement (qu'il s'agisse aussi bien d'humains que de chevaux), et c'est peu dire que nous sommes perdants au change ! L'humain aime le cheval docile, le cheval automatisé et automate, le cheval-machine (avec ses "boutons", sa direction, son frein, ses "commandes") tellement plus rassurant pour l'homme si peureux et si prompt à troquer la liberté contre la sécurité, la sienne comme celle des autres. Le problème pourtant n'est pas la peur, seulement de choisir de la suivre...
En conséquence, il nous semble que notre première responsabilité en tant qu'éleveurs est de ne rien altérer de la personnalité et de la flamme de chacun de nos poulains à un âge où ils sont si vivants et en même temps si vulnérables.
Je rejoins également Idriss quand il affirme qu'il serait également temps de s'intéresser davantage aux flux qu'au stocks. Tel que je l'entends, il s'agit moins de se concentrer sur ce qu'a appris le cheval (en quantité, une liste de compétences facilement dénombrables) que sur ses méta compétences : par exemple sa capacité à apprendre des savoir-faire nouveaux, à s'adapter à de nouvelles circonstances, à transférer ses compétences. Ces méta compétences sont directement reliées à un certain nombre de pré-requis : construction de son identité d'équin (langage, culture, connaissance de son environnement), épanouissement physique et psychique, capacité à communiquer et à entrer en relation, confiance en lui et en l'autre... J'ai d'ailleurs des objectifs similaires avec mes enfants qui sont en unschooling ou plutôt en wildschooling : préserver leur personnalité, leur curiosité, leur plaisir d'apprendre, leur ouverture à l'autre, leur enthousiasme... en un mot préserver leur émerveillement. Je reviens aux propos d'Idriss : "Émerveillement contre conformité. Cet échange est une très mauvaise affaire. L'émerveillement est le moteur de l'apprentissage et de la découverte. L'échanger contre les examens, c'est échanger un moteur contre une carrosserie. Paolo Lugari a su résumer cette question en une phrase : il vaut mieux un débutant enthousiaste qu'un prix Nobel déprimé. Combien d'élèves entrent à l'école avec de l'enthousiasme et peu de savoir-faire, et en sortent avec un peu de savoir-faire et plus aucun enthousiasme ? C'est pourtant l'enthousiasme qui motive le savoir-faire, pas l'inverse." C'est exactement la même chose avec les chevaux. Nous sommes les mêmes, simplement les mêmes.
Si une "méthode" (ou plutôt une "non-méthode") devait caractériser notre élevage, ce serait donc celle de la non-violence. La non-violence dès la conception puis tout au long de la gestation, lors de la naissance, lors des premiers soins puis des premières manipulations, lors des premiers mois, des premières années, du débourrage et tout au long de l'aventure de la vie : ne pas nuire, ne rien altérer, se pencher avec bienveillance sur ce qui cherche à grandir, ne rien précipiter, deux pas en avant - un pas en arrière selon la sage cadence des rondes enfantines. Je lis souvent que le cheval est le miroir de l'homme, j'ajouterais qu'il est également le miroir de toute notre société quand le consentement de la femme n'est toujours pas acquis, quand les violences obstétricales sont toujours d'actualité, quand les bébés sont toujours sevrés et séparés trop précocement de leur mère, quand les performances et la productivité prennent toujours le pas sur l'épanouissement et ce de plus en plus tôt. Se mobiliser pour que les violences faites aux chevaux et notamment aux juments cessent, ce n'est pas délaisser l'humain ou la femme, tout au contraire, car une fois de plus, tout est lié...
Au final, quel malheur de ne voir dans la perfection sacrée du cheval que la force de traction, la chaire à canon -ou à consommer-, un simple objet de divertissement, ou encore une augmentation de l'humain. C'est prendre un livre et le brûler pour se chauffer, c'est un immense gâchis.
Le cheval a besoin du "pourquoi". Il a besoin du sens. Il ne faut plus se contenter de lui donner le "quoi" et vaguement le "comment". J'aurai l'occasion d'y revenir mais je peux déjà dire que lors des premiers apprentissages et du débourrage, c'est là-dessus que nous nous fondons : donner un sens à notre demande. Le cheval comprend la "mise en avant" car le chemin s'étend devant lui et l'invite ; il comprend la direction car le sentier bifurque. C'est aussi une habitude silencieuse que nous avons prises avec nos chevaux : toujours leur expliquer le pourquoi de nos demandes, de nos actions, de nos orientations ; j'ai la certitude qu'ils entendent et comprennent. Enfin, sur la question plus générale du sens de la vie, je reviendrai une autre fois, histoire de ne pas tout mélanger.
Peu à peu, nous tendons vers une autre vision du cheval : oser lui proposer de ne pas se conformer au moule, de ne pas "rester à sa place", voire même de discuter l'autorité. Nous l'autorisons à s'exprimer librement ainsi qu'à être autonome (choisir l'allure adaptée par exemple, ou le meilleur chemin mais aussi être acteur de sa vie : pour le poulain choisir son futur partenaire humain, pour une jument choisir de porter un poulain ou non, voilà quelques exemples). Permettre à un cheval de réussir sa vie c'est lui laisser mettre en valeur sa spécificité plutôt que la brider (cette expression est signifiante), c'est souvent le laisser nous emmener plus loin que tout ce que nous aurions pu imaginer...
En résumé, le cheval est un fruit que l'on peut presser ou planter (Idriss Aberkane). Presser : une action linéaire, prévisible, facilement administrable, mortelle en cas d'excès. Planter : quelque chose d'imprévisible, de non linéaire, difficile à administrer, jamais mortel et... tellement plus profitable. Je reprends encore une fois Idriss Aberkane mot pour mot lorsqu'il relate la fable soufie de l'aigle et de la vieille femme : "Un aigle épuisé tombe aux pieds d'une vieille femme, qui n'a jamais vu que des pigeons, au point que les pigeons sont les seuls oiseaux qui lui soient familiers. Pleine de pitié, elle recueille l'aigle et lui dit : "tu n'as vraiment pas l'air d'un oiseau." Elle lui ampute alors une partie du bec, lui taille les serres et lui arrondit les ailes, avant de le laisser prendre un envol bringuebalant : "Va, maintenant, tu as vraiment l'air d'un oiseau."... L'enfer est pavé de bonnes intentions. "Le pseudo-pigeon de la fable, qui n'assume pas d'être un aigle et ne sera jamais un pigeon malgré toutes ses souffrances, c'est une production bien trop fréquente de nos systèmes éducatifs" et, je rajouterais, de nos élevages, de nos centres d'entraînements, de nos centres équestres. Alors oui, le cheval est né conforme... uniquement à ce que la nature a conçu. C'est pour cette raison qu'il est si fort dans son milieu naturel et qu'il est si fragile à l'état domestique. "Mettre une création non humaine, que nous ne maîtrisons pas, à la norme, à la forme d'une chose humaine, que nous maîtrisons mais qui est infiniment plus rudimentaire, c'est un acte perdant en soi".
J'ai la preuve de tout ce que j'avance. Même si parfois il ne s'agissait au départ que d'intuitions, j'ai pu le vérifier dans la matière. Et je n'ai qu'une hâte : pouvoir remettre sur l'ouvrage, encore et encore, tout ce que j'affirme et aller toujours plus loin. J'ai tellement d'exemples, tellement de cas concrets à vous raconter (un livre est en cours !). J'aimerais vous parler de Lily et de River, de Diamond et de Nafoe, de Style et de Summer ; d'Oberon et de Sunny, de Hope et de Sheryl, de Surprise et d'Antara ; de Kaena, de Dreamer et de Rock ; vous parlez de toutes ces belles personnes chevalines... Je voudrais aussi vous parler du love car en fin de compte tout est une question d'amour. Je voudrais enfin vous conjurer de mettre votre ego au service du cheval (l'hyper-individualité ne rime pas nécessairement avec l'individualisme) et non le cheval au service de votre égo (trop de chevaux souffrent d'être mis au service de l'ego humain).
Conclusion
En guise de conclusion, quelques pistes que j'ai envie de suivre et de partager avec vous pour être ou devenir un bon cavalier et un bon partenaire (en somme un bon humain ?) :
- pratiquer la subjectivité limpide (méditation) ;
- désinstaller des applications, des "pourriciels" (croyances limitatives notamment, les "on a toujours faits comme ça", et autres "les humains sont supérieurs aux chevaux") ;
- passer de l'impuissance apprise à la puissance apprise et faire faire de même au cheval, le "j'en suis capable" ;
- être dans notre couple humain-cheval des néophiles délibérés (c'est en rapport direct avec le love), toujours prêts à expérimenter des choses nouvelles et à chevaucher vers des horizons inconnus ;
- enfin, ignorer nos pairs ! Pour ne plus vivre dans la pensée d'un autre...
En clair, "plus vous pratiquerez la subjectivité limpide, plus vous deviendrez conscient des applications sordides qui hantent votre mental. Plus vous pratiquerez leur désinstallation, plus vous deviendrez conscient de cette catégorie d'application malveillante qu'est l'impuissance apprise. Plus vous la désinstallerez, plus vous passerez de l'impuissance à la puissance apprise. Ce faisant, vous abaisserez la barrière d'entrée dans de nouvelles disciplines. (...) Enfin, ignorez vos pairs ! (...) tant que vous penserez en fonction des autres, vous ne serez pas libres. (...) Fais ce que ton humanité t'ordonne."
Cet article est librement inspiré (comme il invite à le faire) du livre d'Idriss Aberkane "Libérez votre cerveau ! Traité de neurosagesse pour changer l'école et la société", aux Editions Robert Laffont, Paris, 2016. Merci à lui !
Comme toujours, un grand merci de m'avoir lue. Si l'article vous a plu, si vous chérissez les mêmes passions, n'hésitez pas à faire vivre ce blog en en parlant autour de vous, en partageant les textes ou en laissant un commentaire. Et pour ne rien manquer des prochains articles, vous pouvez vous abonner à la Newsletter, il vous suffit pour cela d'entrer votre adresse mail dans l'espace dédié en bas à gauche de la page d'accueil. Au plaisir d'échanger avec vous, Titania
Un article précédent décrivant notre approche : http://blog.mnd-elevage-paint-horse.com/?p=2247
Pour découvrir le site internet de notre élevage, c'est ici : http://www.mnd-elevage-paint-horse.com
Oceane
février 12
Quel article!!!! J aime!
Depuis mes débuts en équitation j ai toujours refusé de cravacher un cheval surtout quand il faisait un refus qu il fallait le ramener devant l obstacle et cravacher bêtement...résultat le cheval était en panique j ai toujours eu du mal avec cette vision...j ai donc toujours refusé cravache et éperons. Mais effectivement en club on doit suivre le mouvement...
Je veux pas faire un commentaire roman mais j aime que mes chevaux soient simplement eux avec leur humeur du jour leur petit truc fétiche et à contrario la chose qui déteste.avec une des mes juments on ne s entendait pas le débourrage a duré 2 ans j ai pris le temps avec des passages où on fait 2 pas en arrière et juste un en avant...mais au final on s entend bien et après surtout du travail à pied et la selle juste à la fin et cette jument n a jamais eu de réactions de défense. Alors je comprends et ressens ta vision mais je n aurai pas les mots aussi justes comme toi!
titania
février 13
Océane, merci !!! Ah tu vois, je n'ai pas eu ton instinct, je me suis longtemps conformée à ce qu'on me demandait, sans vraie remise en question, dix années (de 10 à 20 ans à peu près) et il m'a ensuite fallu les dix années suivantes pour désapprendre et enfin proposer quelque chose de nouveau 😉 Mais tu as raison, le rythme c'est la clef, chacun le sien, comme une musique originale.
Angélique Biller
février 12
WOW!!!! Mon IMMENSE WOW de la journée!!! Infiniment MERCI Titania!
Quel article!!! Quel beau manifeste pour la vie, pour l'émerveillement, pour le retour à la puissance apprise et au service de la joie, que de parallèles sublimes entre les êtres humains et non-humains dans toute leur complexité merveilleuse: j'en ai le souffle coupé, ...les larmes aux yeux!
Cet article est LE plaidoyer intelligent, fourni, sensible, puissant et riche de compréhensions à des niveaux multiples que je ressens en profondeur et aurais adoré pouvoir exprimer de cette manière: MERCI Tita!
titania
février 13
Oh Angélique, que je suis honorée d'être ton WOW de la journée ! C'est moi qui te remercie de me permettre de redécouvrir mon article à travers ton regard...
Aurélie
février 13
Merci d'avoir couché cette pensée qui résume très bien les maux et les "médicaments" de notre société. La peur est le premier sentiment inculqué, dés tout jeune, aux humains comme aux chevaux, et s'en défaire mérite de s'y attarder, et de se faire aiguiller. Mais le chemin en vaut largement la peine.
titania
février 13
Merci à vous ! En fait le problème ce n'est pas tant la peur que de choisir de la suivre... Et on a tous le choix 😉 Et vous avez raison, le chemin est encore plus intéressant que la destination.
Doris
février 13
Magnifique message d'amour ! Vous avez su mettre des mots, et quels mots ! sur nos maux.
Et cela ne s'applique pas qu'au chevaux, mais à tous nos animaux dit "de compagnie "
Votre texte donne envie d' en savoir plus sur Idriss Aberkane, merci de nous l'avoir fait découvrir.
Hâte de vous lire, encore et encore..
titania
février 13
Merci Doris, c'est le plus beau des compliments, c'était important pour moi d'être dans la bienveillance pour écrire ce texte. Et se rappeler ses propres erreurs, permet de rester dans l'humilité. Oui c'est un livre passionnant que celui d'Idriss Aberkane, n'hésitez pas à aller visionner ses conférences !
Lucie
février 13
Magnifique... Enfin un texte reflétant toutes les questions que je me posais. Enfin pour une fois je peux me dire que mon "petit niveau" (selon les professionnels rencontré) est simplement dû à mes remises en questions non conforme.
Merci pour cet article...
Dans mon expérience personnelle, je me faisait luncher en quelque sortes car j'ai arrêter de monter mon jeune cheval (3 ans) pour partager en libertés. Lui donner la possibilité de fuite, du refus, me permettais d'avantage de savoir ce que lui voulait. Ce n'était pas naturelle pour les personnes qui m'entouraient à ce moment là.
Votre philosophie me plait beaucoup.
titania
février 13
Merci Lucie ! Je suis émerveillée par l'accueil que cet article a reçu, comme quoi, c'est vrai, il y a des choses qui bougent dans le bon sens. Le danger c'est parfois de se sentir isolée dans sa démarche, il faut se rappeler que nous sommes nombreux et nombreuses à aspirer à autre chose dans notre relation avec les chevaux en particulier et dans la vie en général. Merci d'avoir partagé votre expérience avec moi, continuez d'écouter votre intuition et surtout votre cheval !
ilférine
février 13
Magnifique article ! Que ça fait du bien de lire ça, lire quelqu'un qui a la même vision ! Malheureusement je ne croise que trop peu de personnes dans mon quotidien équestre qui ait cette façon de penser, mais du coup...le bonheur est encore plus grand quand j'en trouve ! Merci pour cet article !
La méthode équestre "classique" de la cravache, de l'éperon, et de "il faut se faire respecter par le cheval, il doit se soumettre a ta demande, ce n'est pas lui qui décide" m'a toujours beaucoup dérangée... Et ce encore plus depuis que je suis propriétaire ! J'en viens à me demander pourquoi la monter... pourquoi l'emmener travailler en carrière... pourquoi lui demander ci ou ça, alors qu'on peut simplement passer des moments que nous apprécions autant l'une que l'autre à pieds et/ou en extérieur... Lui laisser le choix, et lui laisser la liberté de s'exprimer et de me dire ce dont elle a envie ou non... la laisser être elle même, sans la contraindre, l'écouter et créer une relation de confiance et presque, je dirai, d'intimité entre nous.
Les chevaux sont incroyables, car nous avons toujours tellement à apprendre d'eux... On doit apprendre à les écouter ! Comme vous dites, je n'ai jamais été certaine de notre réelle supériorité sur les chevaux, et les animaux en général...
titania
février 15
Merci pour votre message ! Et merci de partager votre expérience avec moi, comme vous, c'est surtout à partir du moment où j'ai eu "mon" propre cheval que tout a véritablement changé, même si l'aspiration était là depuis un petit moment... Ce n'est pas toujours confortable, mais au final c'est une si belle aventure ! D'un coup, l'univers des possibles s'ouvre...
Zmu38
février 16
wouhaou quelle claque
je trouve bien souvent que les articles qui traitent ce sujet : soit le survole et on lit quelque chose de creux qui se transforment en niaiserie, soit se veulent tellement techniques pour gagner en crédibilité qu'ils en deviennent incompréhensibles.
Très belle plume pour un sujet qui nous touche tellement et que l'on peut élargir à tant de choses de notre quotidien que l'on pourrait partir sur un livre en plusieurs tomes.
plus qu'une méthode ou un savoir faire, c'est un véritable état d'esprit qui, comme vous le souligner, ne peut s'appliquer seulement à une partie de ce que l'on fait mais qui doit plutôt nous guider dans nos choix de vie.
je m'en vais digérer tout ça maintenant ...
titania
février 16
Merci !! Vous avez raison, il y a pas mal d'écueils dès qu'on écrit "chevaux", même si je ne les avais pas aussi bien conscientisés que vous. Alors c'est un très beau compliment que vous me faites, merci.
Geneviève Garcia
février 16
Merci infiniment pour cet extraordinaire article.
En admiration devant ce magnifique et époustouflant être qu'est le cheval, je me suis mise à l'équitation tardivement (il y a 2 ans, j'en ai 53) mais je suis toujours très mal à l'aise avec ces méthodes d'équitation dont vous parlez et qui consiste à dominer le cheval. Heureusement, je ne suis pas dans un club qui fonctionnent comme ça. Pour dire la vérité, ce qui m'intéresse, c'est n'est pas tant de me balader à cheval que de passer du temps à les observer, à prendre soin des chevaux et des poneys du club et à créer une relation particulière avec chacun d'entre eux. Je comprens très bien ce qu vous dites sur la profondeur d'âme des chevaux. J'ai, à de multiples occasions, pu apprécier leurs capacités à percevoir nos émotions et à apporter une affection particulière à la compagne que j'essaie d'être pour eux. Je suis entièrement contre cette violence que nous leur imposons et essaie avant tout de rechercher avec eux, la complicité, le partage et le plaisir d'être ensemble. Au diable que je n'arrive jamais à devenir une pro du cheval. Gagner leur confiance, avoir une relation d'affection profonde, et pouvoir partager leur paix est ce qui m'importe avant tout.
Merci encore pour votre article qui me conforte dans ce que recherche dans l'équitation.
titania
février 18
C'est moi qui vous remercie pour votre message, c'est un baume pour le cœur... Monter les chevaux ou non, je vois se dessiner des cycles différents chez les gens autour de moi. Parfois on monte beaucoup, puis on descend, et on remonte ou non plus tard ; parfois c'est le contraire. Mon mari est un autodidacte complet du cheval, pendant des années il a eu très peu de désir de monter sur leur dos, il voulait d'abord les connaître, les côtoyer jours et nuits, été comme hiver, à toutes les périodes de leur vie, de la naissance à la mort. Et ce n'est que maintenant qu'il a le souhait très profond de monter sur leur dos pour aller plus loin, au sens propre comme au figuré et seulement parce qu'il s'y est senti très concrètement invité...
Auriane
février 19
Un écrit passionnant, enrichissant qui fait réfléchir. J'ai fais de l'équitation durant une dizaine d'années et je me suis retrouvée (malheureusement) dans les humains maltraitant les chevaux alors que je les aime. J'ai arrêté l'équitation par soucis financiers mais aussi parce que cela ne me convenait pas. Je préférais les balades au cours, et la compétition ne m'intéressait guère (et c'est toujours le cas). J'aimerais me rapprocher des chevaux de nouveau mais j'ai peur de ne pas avoir la capacité de les laisser vivre sans "barrière", les laisser réfléchir et me dire "merde" s'ils le souhaitent... Ce n'est en tout cas pas le moment, j'ai trop de colère en moi, de doute, de peur et peu d'amour.
Néanmoins, au fil des années, et avec votre rencontre virtuelle, j'ai su ouvrir mon esprit et voir différemment. Merci encore pour ce partage intéressant et enclin à une vision d'amour et de simplicité.
titania
février 20
Merci pour ta sincérité Auriane, ne te juge pas trop vite, ni trop fort ; ne te juge pas du tout d'ailleurs. Je te souhaite du fond du coeur de trouver le chemin de ta propre paix.
Leïla ZERROUKI
avril 3
Bonsoir,
Wouaw... La fable correspond également parfaitement à ce que l'on fait aux autistes et autres Neuroatypiques aujourd'hui... Je vais tâcher de lire ce livre ! Je découvre seulement votre élevage et vos mots avec cet article et je dois dire que je suis très intéressée, je vais aller voir le reste de ce pas !
Cordialement
titania
avril 8
Oui vous avez raison ! D'ailleurs cette fable correspond à tous ceux qui sont differents, d'une manière ou d'une autre. Notre différence est notre plus grande richesse... Merci pour votre commentaire !!
Hélène
janvier 8
Bonjour de Kirghizie (Asie Centrale),
Je viens de lire votre article "Existe t'il une vie pour les chevaux, avant la mort?". J'ai exactement la même vision que vous sur tout ce dont vous parlez dans l'article et je suis plutôt isolée dans ce pays ou les animaux sont exclusivement utilitaires (je possède 39 chevaux pour organiser des randonnées dans les montagnes). Vous lire m'a fait du bien, dommage que des milliers de kilomètres nous séparent...
Bonne continuation !
Amicalement,
Hélène Guillerm
titania
janvier 9
Bonjour Hélène, merci beaucoup pour votre message ! Nous sommes désormais dans l'ouest canadien, en Colombie-Britannique, et même si ça doit être très différent de chez vous, je partage parfois votre isolement pour ce qui est de l'approche des chevaux... Bonne continuation à vous également et peut-être aurons-nous un jour la chance de visiter l'asie centrale 🙂
Elsa
mars 27
Bonjour,
Je dois vous remercier, votre article m'avait beaucoup fait réfléchir, il y a un an. Alors que j'étais déjà en pleine réflexion vis à vis de mon cheval. J'ai fais l'acquisition il y a deux ans et demi d'un jeune cheval, "conçu" pour avoir une carrière de compétiteur. Je ne sais pas comment il a été éduqué et débourré mais il était très fermé. Comme absent, dans sa bulle, pas motivé par le contact avec l'humain.
Ces réflexions ont porté leurs fruits car ce cheval s'ouvre et s'exprime enfin, depuis plusieurs mois. Lui qui semblait toujours ailleurs, absent, vient maintenant me voir quand j'arrive, quémande des caresses, émet de petits "frrt" à mon attention. A chaque fois ça me met sur un petit nuage de voir qu'il s'ouvre enfin.
Je vous souhaite bonne continuation dans votre aventure canadienne.
titania
mars 30
Bonjour Elsa, merci d'avoir pris le temps de ce message, je suis très heureuse pour vous deux ! Et à un moment de plein questionnement sur l'écriture, votre retour me dit que ça vaut le coup de continuer, que ce n'est pas vain...
Myriam
novembre 19
Rhoo là là... Que c’est bon de lire ce genre de choses... !!! Ça fait un peu mal aussi... De sacrées « bourdes » faites...
Je vais vous suivre d’encore plus près !
Merciii 🙏🙏🙏
Belle suite à vous 😊
Myriam
titania
novembre 20
Merci Myriam !
Oh j'espère que ce n'est pas un article culpabilisant, ce n'est pas le but, bien au contraire 🙂 "L'erreur est un diplôme", le but étant seulement de ne pas persévérer dedans.
Je vous souhaite de belles choses à venir avec votre cheval !
Myriam BALENO
novembre 21
Merci Titania 😊
Non, votre article n’est pas culpabilisant. J’aime ce qu’il dit. On sent bien que pour vous aussi ça a été un chemin.
Je n’ai plus de cheval en ce moment, mais j’en profite pour me former auprès de professionnels qui ont ce genre d’approche (Équitation Positive et Les Chevaux d’Arcand).
Un jour peut-être... Ou pas, on verra 😊
Belle suite à vous.
Myriam