Au bout du monde
"Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes / Et les ressacs et les courants : je sais le soir, / L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, / Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !"Arthur Rimbaud - Le Bateau Ivre
"Au bout du monde", entre rêves éveillés et rêves nocturnes, rencontre avec l'esprit de l'Océan.
24 mars 2017
"Nous avons repris la route vers l'Océan, à travers les effluves parfumées des forêts d'eucalyptus sous la pluie et ce soir nous arrivons à Finisterra - Finis Terrae pour les Romains -, là où la Terre finit, le point le plus occidental de l'Espagne, l'achèvement du Chemin de Compostelle. Le crépuscule atténue les derniers contours, c'est déjà la nuit. L'orage gronde. Les éclairs martèlent la surface de l'eau. A chaque fois l'obscurité immense s'allume avant que ciel et mer confondus retournent aux ténèbres dont ils ont été tirés. Difficile d'imaginer vision du bout du monde plus saisissante.
Pour cette première nuit au bord de l'Océan, nous campons sur un petit promontoire qui surplombe une crique discrète à laquelle on accède par un escalier taillé dans la roche. Bercée par les battements de la pluie sur le toit du Château Ambulant, je rêve. Je rêve que l'eau monte et monte encore avec la marée, jusqu'à recouvrir la petite plage. Alors des dauphins profitent des vagues pour venir à notre rencontre n'hésitant pas pour se faire à venir s'échouer sur le sable. Se pourrait-il qu'à la faveur de la nuit l'esprit de l'Océan soit venu me rendre visite ?
Au même moment, Yoann fait un rêve un peu différent. Il se tient sur les marches d'un amphithéâtre naturel au bord de l'eau. Il descend les gradins. L'Océan rugit et s'agite. Alors sans crainte, il plonge au milieu des vagues qui aussitôt s'apaisent.
Ou comment, en quête de soleil et de plages de sable fin pour oublier l'hiver, sans autre aspiration que celle de s'étendre sur un transat avec un bouquin dans une main et un cocktail dans l'autre, faire une rencontre inattendue : rencontre avec l'Océan personnifié qui, profitant de la nuit et de sa puissance décuplée par la tempête, s'est engouffré dans notre esprit pour des présentations mystiques."
25 mars 2017
"Après le chant des oiseaux des montagnes des Pics d'Europe, ce matin ce sont les mouettes qui me réveillent. Aujourd'hui, nous allons jusqu'à l'ultime rocher qui s'avance courageusement dans l'Océan. Ce n'est pas rien de se tenir là comme sur la proue d'un navire, l'immensité devant soi. Se mettre dans la peau de ces hommes et de ces femmes qui durant des milliers d'années ont, depuis cette extrémité du continent eurasien, plongé leurs yeux et leur soif de savoir à travers ces abysses, scrutant l'horizon, interrogeant l'étendue infinie en quête de réponses. Combien de bateaux sont partis d'ici ? Combien de rêves ont péri en même temps qu'eux ? Mais combien de destinées se sont également accomplies ? Je suis assise là à mon tour. Et à mon tour je contemple mon rêve. De l'autre côté, il y a notre Terre Promise. Quelque part, de l'autre côté, il y a un petit bout de terre et sa cabane, une place pour nous et nos chevaux. J'en ai le tournis. On s'embrasse, on fait des vœux ! On dit qu'à Finisterra, il faut être attentif aux portes qui s'ouvrent en soi."
Oceane
juin 14
Mais c est trop court!!!!
Merci de nous faire voyager!
Je me languis du prochain récit! !!!
Bisous à vous
titania
juin 15
Court mais intense ! Je ménage mes lecteurs 😉
Merci Océane, bizzz
Auriane
juin 15
Merci de dévoiler des passages de votre journal et ainsi nous permettre de voyager un peu avec vous.
Merci.
titania
juin 15
Ce n'est que du bonheur d'enfin partager les notes de ce journal et toujours un plaisir de te lire !